Quelles forces poussent donc ces personnages en perdition, funambules adeptes de psychotropes et/ou légèrement névropathes, post-adolescents, à s’engluer ainsi dans l’existence ? Au fil des dix nouvelles de ce recueil publié par Kureishi, par ailleurs scénariste (pour Stephen Frears notamment) et romancier (Le Bouddha de banlieue), les réponses varient. Peu, trop peu. Si son talent consommé à brosser des profils psychologiques, à mettre en situation ses personnages (les hommes lâches et cyniques, égocentriques et indécis, en transit entre deux vies, deux femmes) irradient ses textes, il faiblit parfois, faute de matériaux. Situations et personnages semblent en effet interchangeables. Et ce qui devait revenir en ritournelle se mue parfois en rengaine, mécanique usée qui tourne à vide. Vous attendent pourtant quelques perles où les séismes et la tectonique des plaques conjugales sont remarquablement démontées, avec nuances et ironie. Comme des étrangers par exemple, un long texte ingénieux, jubilatoire, à la figure féminine rayonnante et séduisante, rafraîchit joyeusement le schéma du vaudeville.
La Lune en plein jour
Hanif Kureishi
Traduit de l’anglais par Jean Rosenthal
10/18 - 258 pages, 7,30 €
Poches La Lune en plein jour
septembre 2002 | Le Matricule des Anges n°40
| par
Bertrand Serra
Un livre
La Lune en plein jour
Par
Bertrand Serra
Le Matricule des Anges n°40
, septembre 2002.