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Poches Ma petite entreprise

mai 2008 | Le Matricule des Anges n°93 | par Dominique Aussenac

Matt Ruff nous entraîne dans un monde halluciné, frappadingue où le bien et le mal s’affrontent en se confondant. Et si c’était le nôtre ?.

Quand un objet atypique, incongru vous tombe entre les mains, la tendance est de le rapprocher de quelque chose de connu. Bad Monkeys oscille entre science-fiction et thriller. Il pourrait tout autant s’agir d’un livre d’heures psycho-métaphysico-religieux facilitateur de rédemption voire d’un documentaire sur un délire paranoïaque. Si la référence à Philippe K. Dick est avouée (interrogation sur la nature du réel, pouvoir des drogues, l’auteur américain était également hanté par une petite sœur, morte en bas âge, prénommée Jane Charlotte) on pourrait aussi citer comme parrains, Franck Herbert pour l’inventivité technologique, l’interrogation sur le bien et le mal, Hunter Thompson pour le côté délirant, gonzo, et même le ténébreux Dante.
Jane Charlotte, plus ou moins quadragénaire, arrêtée en flagrant délit de meurtre se confie à un psychiatre de la prison de Las Vegas. Elle raconte sa vie… édifiante. Élevée par une mère débordée, elle connaît une adolescence rebelle. Ayant plus d’aptitude pour la culture du cannabis que pour la garde de son jeune frère, elle fugue. Une vingtaine d’années plus tard, juste après l’effondrement du World Trade Center, la voici contactée par une association secrète.
« Donc, votre boulot chez les Bad Monkeys, demande le docteur, en quoi consiste-t-il ? A punir les gens malfaisants ?

 Non. En général, on les tue, c’est tout.

 Et les tuer, ce n’est pas les punir ?

 Sans doute, si vous le faites pour vous venger de quelqu’un. Mais ce n’est pas le rôle de l’organisation. On essaie juste de rendre le monde plus agréable.

 En éliminant les gens malfaisants.

 Pas tous. Seulement ceux qui, selon Coûts-Bénéfices, feront davantage de mal que de bien s’ils continuent à respirer. »

Le discours de Jane Charlotte stupéfait.
Un, parce qu’il est tout bonnement incroyable. Il décrit une organisation extrêmement ramifiée, organisée à la manière d’une entreprise hyper-performante, agissant dans l’ombre et combattant le crime en utilisant des méthodes toutes aussi criminelles. Deux, dans ce discours calme, posé, structuré, difficile de trouver une faiblesse. Pire, le lecteur ne peut qu’entrer en empathie avec la narratrice qui relate une série de meurtres horribles pratiqués de sang-froid. Perdant progressivement les pédales, il arrive à douter de ses propres représentations, de ses perceptions et facultés mentales. Écoute-t-il un être délirer ou le membre d’un escadron de la mort relater ses crimes ? Trois, le psy arrive à corroborer les dires de Jane Charlotte, même s’il reste un flou conséquent sur certaines disparitions.
Le ton du roman, extrêmement vif, va s’accélérant. Les descriptions de bagarres, scènes de violence, (parfois un peu longues, jamais vraiment gore) atteignent des sommets vertigineux. Les rebondissements se succèdent. Les miroirs se brisent, s’inversent, réel, fiction, vérité, mensonges prennent une dimension stroboscopique. L’extrême inventivité, logistique, technologique crée des effets spéciaux saisissants. Action et dialogues en huis clos tournent en boucle, les reparties fusent. Passé, présent, futur se confondent. Une culpabilité très ancienne finit par remonter à la surface. Adolescente, Jane Charlotte par négligence et peut-être en un zeste de perversité n’aurait-elle pas sacrifié son propre frère, le laissant aux mains d’un sérial killer pédophile ? La tueuse ne se démonte pas, évoque un autre tribunal, celui de l’organisation qui l’aurait déjà passée au grill, rajoute moult détails. Un effet de poupées russes donc, de manichéisme gigogne s’emballe, créant une profondeur de champ spatio-temporelle qui prend des allures de faille dans laquelle le lecteur pourrait bien disparaître, anéanti par ses propres culpabilités. Tout simplement sidérant.
« Les drogues X n’existent pas ?

 Des drogues qui permettent d’arrêter le temps et de voltiger comme les super-héros dans les films d’arts martiaux ? Non, ça n’existe pas.

 Eh bien, c’est ennuyeux… »


Bad Monkeys
Matt Ruff
Traduit
de l’américain
par Laurence Viallet
10/18
302 pages, 13,50

Ma petite entreprise Par Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°93 , mai 2008.
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