Le « degré » de narration (…) sur lequel j’aimerais maintenant travailler, c’est l’album : non plus un recueil de dessins autonomes mais une suite qui fasse récit « tonitruait Yann Fastier, en septembre 2002, dans les pages du Matricule. Qui l’embaucha à prix d’or, peu de temps après : dès lors, comment nier l’importance de l’album dans nos sociétés ? Un épais volume de contributions savantes enfonce le clou, dégageant la richesse éclectique des productions actuelles. L’album est-il un » genre « ? Alors, comme le soulignent l’avant-propos et le faisceau des articles, il est d’une » hybridité défiant toute définition péremptoire « : parce qu’il y a du texte et de l’image, mais encore parce qu’il emprunte au théâtre ou au poème, qu’il s’inspire de la bande dessinée ou des arts appliqués, qu’il malaxe les classiques et ne respecte pas même la limite d’âge de son lecteur… Le risque, alors, c’est que les enseignants tirent l’album à eux, et à une dignité d’emprunt : faut-il, pour évoquer l’œuvre d’Anne Herbauts, convoquer tour à tour les blancs mallarméens, la vision de Robert Bresson et l’écriture selon Barthes ? On notera toutefois que le plus souvent les études font ici l’effort de se forger un langage propre, à l’intersection des phénomènes de langue, de graphisme et d’édition. Plutôt que des filiations assommantes, le sens peut alors surgir d’une observation attentive de la technique. Ainsi lorsque Nicolas Rouvière isole l’unité de base des albums, la double-page, et la temporalité propre qu’elle induit : » Même si une image appelle la suivante, chacune nous sollicite pour qu’on s’y attarde, quand ne domine pas l’effet de tableau que l’ensemble compose. Le propre de la bande dessinée semble au contraire l’effraction de la loi de la durée. « Idem quand Cécile Boulaire distingue la véritable subversion, qui naît de » l’articulation permanente des effets visuels et du verbe poétique « , des » leçons de bonnes manières « qui, » sous couvert de dénoncer le racisme, le rejet de l’immigration, l’inquiétude sécuritaire (…
L’ALBUM CONTEMPORAIN POUR LA JEUNESSE : NOUVELLES FORMES, NOUVEAUX LECTEURS ?
Textes réunis et présentés par Christiane Connan-Pintado, Florence Gaiotti et Bernadette Poulou, Modernités N°28, Presses Universitaires de Bordeaux, 320 pages, 26 €
Textes & images Album contemporain
mars 2009 | Le Matricule des Anges n°101
| par
Gilles Magniont
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Album contemporain
Par
Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°101
, mars 2009.