Troisième volume d’un cycle de poèmes narratifs commencé en 1993, après Le Reliquat santé (La Courtine, 2005) et La Nuit jetée (L’Actem, 2005), Capitale de la neige reprend la chronique de la vie de personnages déjà présents antérieurement (Florence, Jacques, Mary, Jan et Jean) et y ajoute les vies d’Émilie, Nathan et Ulysse. Croisements multiples de plans d’existence, blocs de perceptions du narrateur lui-même comme de ceux de ces vies déployées, Capitale de la neige allie une rigueur métrique issue du grand Aragon à la liberté qu’ouvre le vers libre. On entend, en soubassement des syncopes hachées du vers le rythme ciselé glisser vers la douceur et la lenteur de la description. Des sortes de narrats, serrés sur chaque page, en même temps qu’ils sont reliés à l’ensemble du livre, interdisent Capitale de la neige d’être un simple recueil. C’est au contraire à un livre pensé, construit, où la mort des uns, la disparition, l’éloignement et l’accompagnement des autres s’étagent comme un mille-feuille, que nous avons affaire. On suppose le « Portrait d’Émilie » sous celui de « Mlle Cornélia » lorsque, en une amorce d’un temps lointain, Philippe Blanchon écrit : « Dame sise n’allon-ge/ bascule en repos/ par le cou le visage/ entier// Tenser ailleurs/ avant par le centre/ s’incline colonne/ toute en songe », tandis que le prologue de la partie « Capitale » pose la question du lien à distendre et à creuser entre fiction et rêve : « Comment remplir cet espace de sommeil ?/ et ne fus-je jamais que rêve de février/ - de genêt luttant contre le gel et lumière/ merveille lumière après vent et avant le doux - ?/ Il y a long temps que de moi (…)/ on attend le récit ». Janvier, écrit entre 1991 et 2006, rassemble quant à lui 47 courts poèmes, épreuve sobre du temps à l’épreuve d’un mois d’amour face au bleu dur du rivage : « avril/ à la source/ de tout détail/ les reins/ au centre/ de chaque lutte/ avril vertébral et nu/ comme janvier se lève ». Histoire encore où « contre jamais/ blancheur le cœur (qui) va courir ».
CAPITALE DE LA NEIGE
L’Actmen, 138 pages, 18 €
JANVIER
La Part commune, 60 pages, 10 €
DE PHILIPPE BLANCHON
Poésie Poèmes narratifs
juillet 2009 | Le Matricule des Anges n°105
| par
Emmanuel Laugier
Des livres
Poèmes narratifs
Par
Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°105
, juillet 2009.