Aussi sensible à l’appel du large qu’aux voix de la pluie et du vent, coureur de dunes, peintre et poète autant qu’écrivain, Yves Elléouët est à la tête d’une œuvre surprenante. Né en 1932, et disparu en 1975, à l’âge de 43 ans, cet amoureux de la Bretagne, qui fréquenta les surréalistes (il épousa Aube, la fille d’André Breton), se voulut essentiellement à l’écart de tout mouvement. Au croisement des œuvres de Joyce, Dylan Thomas et Malcolm Lowry, il est l’auteur de deux livres cultes, Le Livre des rois de Bretagne et Falc’hun (à prononcer falrun, et qui signifie faucon). Deux livres relevant d’une sorte d’épopée enchantée dont la Bretagne - saisie dans son présent et son passé, son âme légendaire et sa magie celtique - est l’inspiratrice envoûtante et la dédicataire souveraine. Livres inclassables, bourdonnants de présences secrètes, mêlant la truculence au lyrisme le plus brûlant et conjuguant l’amour et la mort, l’alcool et les embruns, les souvenirs et les visions. Transmigration des âmes et hymne au mouvement, c’est la perpétuelle métamorphose gouvernant le monde que célèbre Yves Elléouët. Avec la verve des grands bardes, et un étonnant sens du réalisme magique, il revisite les lignages barbares des vieux rois de Bretagne, héritiers des dieux celtiques. Anamnèse hallucinatoire entretenue par l’eau de vie d’une ivresse sacrée et le feu d’une parole se grisant de sa propre féerie et de ce temps béni où le réel et l’imaginaire n’avaient pas encore commencé d’être perçus contradictoirement. Deux livres qui font tanguer le roman et le transforment en voyage-voyance parmi le sang des choses.
Une fringale d’images dont témoigne aussi sa peinture, à laquelle rend hommage le catalogue qui accompagne la grande rétrospective qui, après le Musée des Beaux-Arts de Quimper, sera visible au Château de Tours, puis à Saint-Cirq-Lapopie.
Collectif Yves Elléouët, Coop Breizh, 152 pages, 35 €
Poésie Le barde Elléouët
octobre 2009 | Le Matricule des Anges n°107
| par
Richard Blin
Un livre
Le barde Elléouët
Par
Richard Blin
Le Matricule des Anges n°107
, octobre 2009.