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Essais Les petits livres du grand Julius

novembre 2023 | Le Matricule des Anges n°248 | par Anthony Dufraisse

Goulven Le Brech retrace la vie de l’inventif promoteur du livre de poche à l’américaine. Un vrai roman !

Emanuel Haldeman-Julius (1889-1951), éditeur le plus rocambolesque du monde, comme l’affirme le sous-titre du livre ? L’intéressé aurait adoré pareille consécration ! Une accroche comme celle-là, ça interpelle, forcément. Un peu exagérée, non ? Même pas, parce que le bonhomme, agitateur d’idées et entrepreneur avisé, aura eu une vie mouvementée. « Éditeur humaniste et businessman, arrière-petit-fils et petit-fils de rabbins, fils d’un relieur, intellectuel autodidacte, grand lecteur, militant socialiste, ami des communistes et des anarchistes, journaliste politique, athée militant… Haldeman-Julius fut tout cela », résume Goulven Le Brech à la fin d’un livre qu’il a pensé comme une enquête.
En marchant dans les traces de ce « personnage romanesque, à la fois irrévérencieux, caustique, dandy, charmeur », il fait le portrait de celui qui aura été « l’infatigable promoteur d’une vision du livre de poche à l’américaine », la désormais fameuse collection des Little Blue Books qui se sont vendus par centaines de millions d’exemplaires entre 1920 et 1950. Suivant pas à pas ce self-made-man lettré, depuis sa naissance à Philadelphie jusqu’à sa mort suspecte par noyade dans sa piscine en juillet 1951, Goulven Le Brech, qui vit à Caen, s’est téléporté par la pensée mais aussi physiquement dans le Kansas, à Girard, le fief d’Haldeman-Julius. Là était le QG de son activité éditoriale effervescente. Le Brech, qui a l’habitude des archives puisqu’il travaille à l’Imec (l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine), a digéré sa copieuse documentation pour cerner au mieux le pittoresque personnage et les contours de soixante ans d’histoire culturelle et politique américaine passionnante.
Mais revenons au cœur du sujet : Haldeman-Julius a été un des tout premiers promoteurs de l’édition de poche. Ses petits bouquins (contrairement à celui-ci richement illustré) n’étaient pas des écrins. « Les Little Blue Books n’avaient pas de belles couvertures illustrées, et leur mise en page était rudimentaire ». À dire vrai, ils tenaient plus, par leur aspect, de la brochure. Le but était clair : faire du livre un objet de consommation de masse pour divertir, éduquer, voire édifier les milieux populaires, la classe laborieuse comme on disait dans la première moitié du XXe siècle. Les sujets abordés par ces livres sont vraiment tout-terrain : « l’anthropologie, l’anatomie, l’architecture, l’art, la botanique, la chimie, l’éducation, l’économie, l’éthique, l’histoire, la littérature, la musique, la philosophie, la psychologie, la physiologie, la sociologie… », entre autres « connaissances qu’une personne devrait avoir », comme l’indique une publicité pour ces fascicules que certains amateurs collectionnent jalousement aujourd’hui. Les manuels en tous genres – sur l’art de faire la cuisine, de jouer au golf, d’embrasser… – voisinaient avec les textes des auteurs classiques européens (Wilde, Wells, Maupassant, Voltaire, Balzac…) ou les essais originaux de figures intellectuelles contemporaines dont Haldeman-Julius fut le passeur. Au catalogue on trouvait ainsi des inédits d’Upton Sinclair, Bertrand Russell ou encore des frères Powys, dont l’aîné John Cowper en tête, un (libre) penseur que Goulven Le Brech connaît bien pour lui avoir consacré différents écrits déjà. Haldeman-Julius, qui n’avait rien d’un philanthrope et tout d’un virtuose du marketing, exploita avec une rare habileté les règles du capitalisme, ce qui ne manque pas de sel pour un socialiste engagé. On le surnomma, c’est tout dire, « le Henry Ford de l’édition ». Ses démêlés avec les ligues de l’ordre moral et les cerbères aux ordres d’Edgar Hoover, le big boss du FBI, lui vaudront de voir ses livres attaqués pour caractère licencieux ou séditieux. Au point de le payer de sa vie ? Le livre n’exclut pas cette hypothèse…

Anthony Dufraisse

Little Blue Books
Goulven Le Brech
L’échappée, 205 pages, 18

Les petits livres du grand Julius Par Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°248 , novembre 2023.
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