La rédaction Julie Coutu
Articles
Au fin fond des bois
Là où la terre se fond dans les eaux, écoutons la voix des Filles du chasseur d’ours s’élever, hurler, maudire, dans un roman sauvage.
On y rencontre une forêt, l’ombre de l’ours, une chaumière abandonnée, sept filles à l’allure et au parfum d’ogresse, des trésors enterrés, une ville sous la neige, une narratrice comme une bonne fée. Et pourtant, Les Filles du chasseur d’ours n’a du conte que l’apparence, et tient les fées, bonnes ou mauvaises, très à distance. Ne serait-ce que par cette odeur qui se dégage de la troupe agitée des filles sauvageonnes et qui envahit chaque mot du texte. Comme si Anneli Jordahl avait voulu écrire un roman (le premier traduit en français) de senteurs (nauséabondes, âcres, boisées,...
Histoire à la verticale
Trois étages, une petite copropriété, des voisins discrets : Eshkol Nevo ausculte l’air de rien les tourments de la société israélienne.
Eshkol Nevo nous fait grimper les marches d’un immeuble résidentiel, quelque part en banlieue de Tel-Aviv, « Bourgeville, îlot de bon sens », ou de « conservatisme mou », à voir, le jugement varie selon les humeurs et états d’âme de qui le porte. La ville est à portée de voiture, de bus, mais ici règne un calme aseptisé. C’est compter sans la réalité qui se masque, derrière les façades...
Se laisser conter
Avec Le Bruit du dégel, John Burnside tisse un roman mélancolique, qui fait la part belle au chagrin, avec une immense douceur.
Il y a toujours dans les romans de John Burnside une sorte de présence, un lien à un au-delà. Un penchant assumé pour une forme de panthéisme, cette habitude de venir effleurer des esprits dissimulés derrière nos propres ombres. Le Bruit du dégel, sous un aspect moins sauvage que L’Été des noyés, ou Scintillation, ne fait pas exception à cette règle. C’est un roman-conte, une déambulation à...
Chemin sans retour
Il y a d’abord Sara, discrète et posée, avec sa vie en retrait, projetée ce jour de mai 2011 seule sur scène, quand elle apprend que son unique fils, Jason, est porté disparu quelque part en Afghanistan. Jason, le fils prodige, l’enfant solaire, en quête de père et de mémoire, engagé dans les forces spéciales américaines après le 11-septembre. Onze jours, c’est le temps entre l’annonce de la...
Pays perdu
Dans un récit polyphonique, Patrick Da Silva tire les fils d’une mémoire intime.
Patrick Da Silva raconte qu’enfant, il aimait les histoires, qu’il lit parce qu’on lui a lu. Mais qu’il n’y avait pas beaucoup de livres à la maison. Et que les histoires à entendre, c’était à la messe, le dimanche matin. Il y a dans Et filii des histoires et du contemplatif, de la messe et de l’écriture. Du temps à prendre et à donner. « Me suis assis sur les rochers. Dans mon dos la forêt...