La rédaction Martine Laval
Articles
Ni dieu, ni mec
Avec ses Chiennes de garde, Dahlia de la Cerda en met plein la vue – et même la gueule. Petit traité de féminisme et de survie dans la jungle mexicaine d’aujourd’hui.
Gare à celui qui osera encore dire que les filles sont des mauviettes ou des salopes, qu’elles n’ont que ce qu’elles méritent, à savoir coups, humiliations, viols. C’est fini. L’heure est à la relève sinon à la révolution. Dahlia de la Cerda brandit une littérature d’un genre nouveau, combine des mixes plutôt contraires : des coups de poing et de la tendresse, un parler populaire, vulgaire, bruissant tout chaud du macadam et une finesse d’esprit à faire crever de jalousie nos piètres penseurs. Les onze nouvelles de son recueil Chiennes de garde composent une sorte de roman, puisque les...
Du plomb sur les ailes
En racontant l’histoire de son père métallo, l’écrivain italien donne voix à toutes les victimes du travail. Un récit entre tragédie… et joie de vivre.
Une vie, ça tient à peu de chose, parfois à une seule phrase : « Il respirera de l’essence, le plomb entrera dans ses os, le titane obstruera ses pores et une fibre d’amiante s’introduira dans poumons. » Ensuite, rien, sinon la mort après des décennies de labeur ; ensuite, ce récit, dédié à tous les Renato du monde. Alberto Prunetti, fils de Renato, raconte l’histoire de son père,...
Amérique, ma douleur
L’auteur de Sukkwan Island passe une fois encore au scanner les liens tortueux d’une famille américaine (la sienne). Magnifique et implacable.
Retrouvailles après des années de fuite. Pour la première fois, un père parle à son fils. « Comment tu imaginais la vie ? Où es-tu allé pêcher cette idée que tu allais être heureux ? » Autrement dit, boucle-la et bouge-toi. Le fils a dans la quarantaine, il a déjà beaucoup vécu et plutôt mal. Il a les épaules alourdies par son Magnum qu’il ne quitte pas et la tête fracassée par de multiples...
Le livre dont vous êtes le héros
Picaresque, libertin, malicieux : La Taverne du doge Loredan, fabuleux roman d’Alberto Ongaro, est enfin réédité.
Imaginons… Vous voilà confortablement installé, allongé sur le lit. La lampe de chevet diffuse une lumière chaude. Les cigarillos sont à portée de main (chacun ses petites manies). C’est la nuit. Le temps s’est arrêté. Autour de vous, le silence. C’est à peine si un vaporetto dans le lointain lance son appel déchirant. Ah, oui, précisons, vous êtes dans un palais vénitien, un peu décati,...
La vie de mon père
Quand un fils se découvre une autre filiation, celle des insoumis. un premier roman tout en délicatesse qui embrasse l’Histoire du XXe siècle.
Scène dans une cuisine, un jour d’octobre 1984. Une mère, son fils, un peu bougon le fils, ou pas réveillé, ou juste adolescent, un boutonneux de 14 ans. Silence rompu : « Ton père n’est pas ton père. » Bing. Juste comme ça « Ton père n’est pas ton père. » Une phrase couperet. La mère prétend ne pas connaître le père biologique, c’était la banalité des années 60 dit-elle, l’amour libre, la...