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Avec la langue Les enfants du Parti

février 2007 | Le Matricule des Anges n°80 | par Gilles Magniont

On a beau être issu d’une famille décomposée, on garde son langage-à-soi.

Il en est, pernicieux, qui rêvent à la disparition du parti de Ségolène Royal. D’un point de vue étroitement politique, certes, on n’y perdrait guère ; mais question langage, c’est une autre affaire. Vous pensez peut-être à un récent néologisme, abondamment commenté, ou pourquoi pas à certain emploi suave et punitif de l’article partitif : « J’ai remis de l’ordre juste » et voilà l’ordre juste (ré)introduit comme de la farine dans le gâteau. Pour apprécier l’incomparable singularité de cet idiome, il n’est toutefois pas nécessaire d’en surligner les dérèglements voyants. Par exemple, lorsque Julien Dray déclare à Jean-Pierre Elkabbach ça fait déjà envie : « Il ne faut plus qu’il y ait des états d’âme, mais des états de service », eh bien la syntaxe est correcte, le vocabulaire usuel, et pourtant nous sommes heureux comme d’un poème bruitiste. C’est en tout cas aussi inventif : dans un rythme bien balancé, il ne faut plus… il faut, hop hop, dire au revoir aux affects et bonjour au petit personnel, hop hop, tout cela pour entamer une campagne qu’on dit socialiste, hop hop, vraiment bien joué Juju.
La Gauchedelagauche, en son libre tissu énonciatif, a de tout autres mots à la bouche. Elle se défie des tournures injonctives comme des expressions qui sentent l’entreprise ; elle s’enthousiasme ou s’attendrit pour les « Enfants de Don Quichotte ». Pratique, les enfants de : doucement, on connote du positif. La filiation, la gratitude, la mémoire, l’humilité, tout un climat ORTF : dans la même perspective, le Journal officiel donne les coordonnées des Enfants de la République ou des Enfants de l’espérance (il y a même Les enfants de la Mongolie, hé hé). Ensuite, grâce à Don Quichotte, pas d’enfermement dans une note d’intention trop précise. Certains exégètes avancent qu’il s’agit ici de faire tomber des châteaux prétendument imprenables (donc, côté sympa et constructif des utopistes, par opposition au pragmatisme stérile), d’autres qu’il est question de se battre contre les moulins à paroles du gouvernement (retroussons nos manches, c’est intolérable !)… Peu importe, en fait. Ce flou a pour lui d’être artistique : on fait dans l’action et la contestation, oui, mais on fait référence à une figure romanesque. D’autres associations devraient prolonger le mouvement politico-littéraire : Les Fils de Pantagruel sur le front de l’obésité, La Sœur à Christiane F. dans la lutte contre la toxicomanie, Les Cousins de Julien Sorel pour la revalorisation du salaire enseignant. Toujours, la culture offre sa valeur ajoutée ; elle permet de se distinguer joliment, et n’empêche pas de discuter avec des parents un peu lointains, quand ceux-ci, entre une note de service et un rappel à l’ordre, viennent, sur un bord de canal, marcher un peu avec leurs rêveurs d’enfants.

Les enfants du Parti Par Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°80 , février 2007.
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