Temps noir N°13

Toujours d’allure soignée et de formes généreuses, toujours rendant compte de l’actualité des « littératures policières » (notes de lecture, hommage à Thierry Jonquet mort en août dernier, propos d’une des maîtres d’œuvre de la récente retraduction du fonds Hammett…), la revue Temps noir ouvre encore sur une pluralité de formes : ici il est question de bande dessinée (La Princesse du sang de Manchette, adaptée par Doug Headline et Max Cabanes), de cinéma (voir notamment les sobres réponses du réalisateur Nicolas Boukhrief) ou encore de théâtre, avec la reproduction d’un inédit de Jean Meckert, la pièce Nous avons les mains rouges (1950). C’est que le polygraphe Meckert, alias John Amila, fut un des premiers français de la « Série noire » qu’évoque ce numéro : on découvre notamment la prudente ligne éditoriale de Marcel Duhamel, entre 1948 et 1953, entre la crainte de l’outrage aux bonnes mœurs (Boris Vian était alors condamné pour J’irai cracher sur vos tombes) et la défiance de la politique - à Meckert dont un manuscrit mettait en cause le gouvernement américain, Duhamel écrit : « la Série Noire ne peut pas se permettre, étant la diversité et le nombre de ses lecteurs, de prendre position dans un conflit d’ordre international »… L’étude de Franck Lhomeau, extrêmement documentée, s’avère passionnante de bout en bout ; elle parachève un sommaire affriolant, auquel il ne manque qu’un gramme de fantaisie pour combler les irresponsables que nous sommes.
Temps noir N°13, 324 pages, 16 € (éditions Joseph K.)