Sigila N°38 (le vrai)
Séparer le vrai du faux apparaît comme une quête sans fin. Sigila, revue transdisciplinaire franco-portugaise sur le secret, ne pouvait que s’intéresser à la notion de vrai. Dans son emploi, en français comme en portugais, le terme vrai, issu du latin, a des origines et une utilisation variées. Ainsi un vrai homme qualifie un homme viril et un homme vrai, un mâle sincère. Quant au parler vrai, si l’expression date du XVIIIe siècle, elle fut mise au goût politique du jour par Michel Rocard. Béatrice Montamat, restauratrice du patrimoine graphique, explique comment de Platon à Érasme, véracité et authenticité des manuscrits furent toujours remises en cause. Carlos F. Clameto Carreto évoque l’avènement au Moyen Âge d’ une « nouvelle littérature en langue vulgaire où le mensonge de la fable n’est autre que l’envers ou le revers de la vérité secrète et indicible de la fiction ». La psychanalyse éclaire aussi sur la façon dont les secrets de famille altèrent la construction du sujet. Florence Reznik affirme : « Le secret d’un sujet est parfois une lettre en souffrance qui peut déterminer son avenir. » Quant à José Saramago, Agnès Levécot analyse comment ce dernier, en historien, a pu à travers son œuvre rétablir « la capacité de l’homme à être le sujet de sa propre histoire ». Pauline Tanon revient sur les fausses vérités autour de Rousseau, tandis qu’Isabelle Bruyère s’intéresse à la transmission de la « parole vraie » chez le poète Yves Bonnefoy, « interprète de son père au-delà de tous ses silences ». Sigila est une vraie revue encyclopédique.
Dominique Aussenac
Sigila N° 38, 208 pages, 17 €