Le fascisme menace : las des scandales de corruption répétés, ayant perdu toute confiance dans des élites coupées du peuple, des émeutiers (petits bourgeois, ligueurs, anciens combattants…), attaquent la Chambre des députés, le 6 février 1934. Les gardes républicains débordés font feu : une vingtaine de tués et plusieurs centaines de blessés sont le lourd bilan de ce que certains dénoncent alors comme une tentative de coup d’État. Le 12 février, l’appel à la grève générale et les énormes manifestations qui réunissent la CGT, la SFIO et le PCF apparaîtront a posteriori comme l’acte de naissance de ce qui deviendra le Front populaire. Ce riche numéro de la revue Aden, consacrée à l’œuvre de Paul Nizan (1905-1940), montre bien le traumatisme que représenta pour certains écrivains cette semaine funeste et comment ils durent y faire face. Des analyses et des textes retrouvés nous permettent ainsi de découvrir un roman oublié d’André Chanson, La Galère, « parabole antifasciste », les interprétations naturellement divergentes entre, d’un côté, Brasillach et Drieu la Rochelle et, de l’autre, Aragon, André Wurmser et Jean Prévost, ou encore l’échange polémique entre Ramon Fernandez et François Mauriac. Nous assistons également à la naissance du célèbre Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes. Tandis que la rubrique consacrée à Nizan étudie la réception de son pamphlet (anti)philosophique Les Chiens de garde, de copieuses notes critiques reviennent sur des thèmes abordés dans les précédentes livraisons de la revue. Les années 30, on le voit, nous parlent encore. Thierry Cecille
Aden N°15 (Février 1934 et les écrivains français), 274 pages, 26 €
Revue Paul Nizan et son temps
février 2017 | Le Matricule des Anges n°180
| par
Thierry Cecille
Paul Nizan et son temps
Par
Thierry Cecille
Le Matricule des Anges n°180
, février 2017.