auteur Dubravka Ugresic
Ouvrages chroniqués
La Renarde
de
Dubravka Ugresic
2023
En une pérégrination alerte et savamment menée à travers les livres et les lieux, Dubravka Ugrešić tente de dire ce que peut encore, en ces jours, la littérature.
Dès l’abord le doute s’installe : si par un grand nombre d’éléments (l’origine croate, l’exil, l’installation à Amsterdam, la renommée relative, l’âge…), la narratrice ressemble fortement à l’auteure, il y a, çà et là, des détails qui clochent, comme un bougé sur une photographie, des décalages, des pas de côté. Puis, lorsqu’apparaît la figure, qui donne son titre à l’œuvre, de la renarde, nous nous tenons plus encore sur nos gardes. Qu’est-ce qui, ici, ressortit à la réalité ou à la fiction, à l’autobiographie ou à l’invention de soi ? Existe-t-elle vraiment cette nièce qui préfère les...
Le Musée des redditions sans condition
de
Dubravka Ugresic
2020
Dans Le Musée des redditions sans condition, l’écrivaine croate Dubravka Ugrešic (née en 1949) fouille la mémoire de deux exilées.
Il faut attendre la page 261 pour faire la connaissance de Roland, l’éléphant de mer du jardin zoologique de Berlin. On y apprend qu’il rendit l’âme le 21 août 1961 et qu’une vitrine, exposée près du bassin qu’il occupait, présente les objets qui ont été retrouvés dans ses entrailles (entre autres merveilles improbables : un compas, un cadenas, un pistolet à eau en plastique, une broche métallique en forme de caniche, un chausson d’enfant et des lunettes de soleil).
Peu de romans peuvent se targuer de supporter la comparaison avec l’estomac de Roland. Le Musée des redditions sans...
Baba Yaga a pondu un œuf
de
Dubravka Ugresic
2021
Baba Yaga a pondu un œuf de Dubravka Ugrešić
La complexité de l’écriture de Dubravka Ugrešić est liée à sa manière de concevoir son œuvre littéraire, à la croisée de plusieurs genres : autofiction, fiction, et réflexion socio-politique. Baba Yaga a pondu un œuf en est une claire illustration, puisqu’il est divisé en trois parties, correspondant presque exactement à cette subdivision, qui abordent chacune à leur manière un thème central : le vieillissement, particulièrement celui des femmes. Presque, parce que les frontières sont floues, les motifs se répondent, les personnages passent d’un récit à l’autre sans se soucier des genres...

Le Ministère de la douleur
de
Dubravka Ugresic
2008
Une fois encore, Dubravka Ugresic affronte les fantômes et fantasmes de l’exil, entre le désespoir et l’ironie, avec la lucidité des rescapés. Mais sans convaincre totalement.
Il fut une fois un pays improbable, où peuples et langues étaient mêlés tant bien que mal, un vaisseau qui fluctuait parfois dangereusement mais qui résistait : le « Titoland » - puis le capitaine périt et le « Titonic » s’engloutit avec fracas. Les peuples s’affrontèrent, les langues elles-mêmes devinrent des armes meurtrières : les jumeaux qui, réunis, formaient le serbo-croate en vinrent, nouveaux Romulus et Rémus, aux mains - armées de kalaschnikov. La narratrice - héroïne, cependant, s’entête à ne pas vouloir enterrer cette langue dangereuse et moribonde : à Amsterdam, elle est même...
Ceci n’est pas un livre
de
Dubravka Ugresic
2005
Opposant ou associant, malicieusement, en un jeu de miroirs obliques, l’Est déboussolé et l’Ouest prétentieux, D. Ugresic nous offre un livre « qui étincelle ».
Depuis Montesquieu et ses Persans interloqués par les mœurs parisiennes et les faux-semblants de la Cour du vieux Roi Soleil, mais capables en retour de décrypter les excès de leur propre Orient despotique, le procédé du « regard étranger » est une arme redoutable de la satire. Alors que Le Musée des redditions sans condition (voir Lmda N°58) se présentait comme un roman, il s’agit ici, annonce Dubravka Ugresic, d’ « essais » mais et le découpage même du livre, en sept parties dont une « Ouverture » et une « Fermeture », nous le rappelle d’essais à la Kundera, mêlant la réflexion à...

Le Musée des redditions sans condition
de
Dubravka Ugresic
2004
Entre burlesque et tragique, découvrons pas à pas, avec Dubravka Ugresic, le labyrinthe d’une mémoire, semblable aux circonvolutions du cerveau.
S’agirait-il de rendre sensibles, par métaphore, les tours et détours de l’exil ? Chaque partie, chaque chapitre, voire, à l’intérieur des chapitres, chaque paragraphe, parfois numéroté à la manière des romans-essais de Kundera, nous guide puis nous détourne, éclaire puis rend à l’obscurité, telle la lueur d’un phare dans la nuit du passé, un épisode, un souvenir, un visage enfui, une sensation fugace, de l’existence cahotée et douloureusement chaotique de Dubravka Ugresic. Elle est, de part en part, une « ex » : rescapée et témoin d’une patrie qui a disparu des cartes, la Yougoslavie,...