auteur James Baldwin
A propos
Un homme libre
Il fut bien plus qu’une voix noire pour la conquête et la reconnaissance des droits civiques des Afro-Américains. Interrogeant la fabrique de l’altérité, débusquant les torsions que le pouvoir, quel qu’il soit, opère sur les êtres, l’essayiste et romancier James Baldwin récusa les identités figées et les assignations normatives, affirmant qu’il n’y a d’homme qu’universel.
Pourquoi les Noirs ne sont-ils pas optimistes ? Il y a des maires noirs, des Noirs dans tous les sports et en politique. Ils ont même l’immense privilège de figurer dans des publicités. La situation est-elle toujours sans espoir ? » Nous sommes en 1968, à la télévision américaine, sur le plateau du Dick Cavett Show. Réponse de l’interviewé, à la fois ironique et désabusée : « Je n’ai pas beaucoup d’espoir à vrai dire. Tant que les gens parleront de cette façon. » Pendant un instant tout vacille. Ça ne dure qu’une fraction de seconde. Mais dans l’œil bleu soudain perdu du journaliste, la...
« Un penseur de l’identité »
Par sa capacité à donner une dimension universelle à son expérience personnelle, à faire résonner le subjectif dans le politique, Baldwin a su questionner l’inhumanité de son temps. Mais son œuvre, précisément par sa propension à déconstruire les catégories, demeure un outil capital pour penser la place de l’individu dans le monde contemporain.
Il faut lire et relire James Baldwin, LE grand écrivain de la question raciale et identitaire, indépassable et indispensable. » C’est le credo de Samuel Légitimus, acteur, metteur en scène et infatigable fondateur du collectif Baldwin en 1993, dont l’une des missions initiales est de maintenir la présence de Baldwin en France et de transmettre son message au plus grand nombre, à travers...
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Ouvrages chroniqués
Leukerbad 1951 / 2014
de
James Baldwin
,
Teju Cole
2023
Trois époques, trois voix pour interroger la question de la suprématie blanche dans notre monde moderne. De la littérature de l’essentiel James Baldwin ou de la jeune garde africaine-américaine, Teju Cole, à la philosophie explosive de Charles W. Mills, enfin traduit en France, petit guide de survie dans un monde de brutes.
L’image est saisissante, digne d’un dispositif expérimental. Plongez un corps noir dans un milieu totalement blanc, agitez et voyez ce qu’il advient : dissolution ? perturbation ? cristallisation ? Nous sommes à l’hiver 1951, et James Baldwin a rejoint son ami et amant Lucien Happersberger dans un petit village suisse du Haut-Valais*. Peau noire sur fond de silhouettes aux yeux clairs, qu’un décor neigeux charbonne encore davantage, voici l’écrivain américain à Loèche-les-Bains, là où, « de mémoire d’homme et de toute évidence, aucun Noir n’avait jamais mis les pieds ». Avec la langue...
Chroniques d’un enfant du pays
de
James Baldwin
2019
On en espérait la réédition : Gallimard publie le tout premier recueil d’essais de James Baldwin dans une nouvelle traduction de Marie Darrieussecq.
C’est l’occasion de se plonger à nouveau dans la langue dense, sûre et subtile de James Balwin, et de remonter le temps avec lui jusque dans les années 1950, de l’autre côté de l’Atlantique, en pleine ségrégation. Écrits pour diverses revues entre 1948 et 1955 – date de leur publication en volume aux États-Unis –, ces essais imposent un jeune romancier noir de 30 ans (La Conversion et La Chambre de Giovanni ont été publiés en 1953 et 1954) comme un penseur incontournable du « problème noir », même si, de son propre aveu et jusque-là, Baldwin « ne (s)’était jamais vu comme un essayiste :...