auteur Marie Darrieussecq
Ouvrages chroniqués
La Mer à l’envers
de
Marie Darrieussecq
2019
Au prisme de la vie d’une femme, Marie Darrieussecq aborde subtilement la question migratoire. Un beau roman du dépassement de soi.
Extrêmement difficile, ce roman. Pas à lire mais à écrire. C’est Marie Darrieussecq elle-même qui le dit dans l’un des entretiens qu’elle a donnés depuis la sortie du livre. Cinq ans qu’elle le portait et qu’il lui échappait. La trame de fond était bien là – l’envie de parler des migrants d’une façon ou d’une autre – mais la forme faisait défaut, les personnages peinant à s’incarner. L’obstination aidant, le texte a finalement vu le jour, nourri pour partie par une expérience de Marie Darrieussecq à Calais, zone de transit vers l’idéalisée Angleterre, et un voyage au Niger, dans un Niamey...

White
de
Marie Darrieussecq
2003
quoi sert le titre d’un livre, à ne rien dire de son contenu ou bien à tout en dire sans en rien dire du tout ? Voyons voir White d’un peu près.
White « n’égale pas » blanc « . » White " écrit sur un livre en français veut dire white, ce qui n’est pas la même chose que blanc. Ou plutôt, white veut bien dire blanc, mais sans le dire, ou en le disant autrement. C’est là toute l’affaire de White. Soit un livre, c’est-à-dire entre nos mains un bloc rectangulaire, de couleur blanche. Une sorte de mur blanc d’abord, aussi muet qu’un mur, avec écrit dessus, tout aussi silencieux, un titre qui dit cette blancheur même, mais pas vraiment, ou qui en la disant, la répétant puisque la blancheur était là avant, l’accentue. White sur blanc...

Bref séjour chez les vivants
de
Marie Darrieussecq
2001
Dans la liste des personnes ou des magazines qu’elle remercie à la fin du roman et auxquels elle a fait quelques emprunts, Marie Darrieussecq omet James Joyce. On pourrait pourtant penser que son utilisation du monologue intérieur doit beaucoup au père d’Ulysse. C’est en effet depuis l’intérieur de chacun que la romancière nous présente cette famille : le père, irlandais, s’est exilé à Gibraltar, Jeanne, l’aînée à Buenos Aires, Anne à Paris et la benjamine, Éléonore chez sa mère sur la côté basque. Manque Pierre, le fils, mort noyé, emporté enfant par une baïne. Il est l’hypocentre...

Truismes
de
Marie Darrieussecq
Evénement de cette rentrée, Truismes de Marie Darrieussecq pose la question de l’écriture cochonne. Un premier roman assez grunge.
Truismes est l’histoire d’une femme qui à la fin devient vraiment une truie. Métamorphose. On connaît l’histoire. On a déjà lu Homère, Ovide et, plus près de nous, le magnifique, délicat et insurpassable livre de David Garnett, La Femme changée en renard. La belle et la bête et la métamorphose de l’une en l’autre, la sainte et la putain, le pur et l’impur, le sexe et son contraire et le contraire du sexe, ce qu’on peut voir d’une femme et ce qu’on en n’ose pas trop regarder. Toujours la même histoire ?
L’idée qu’a eue Marie Darrieussecq de faire de la truie la narratrice du livre semble...