auteur Mathieu Riboulet
A propos
Architecte du verbe
Nourri à l’encre d’une bibliothèque de parents éclairés, amoureux des salles obscures et de ce qui s’y joue, Mathieu Riboulet n’aura eu de cesse de fréquenter la littérature. Jusqu’à laisser l’écriture s’emparer de lui et l’engager sur la célébration, tout à la fois, d’une langue et d’un pays.
Au début était le verbe : c’est d’abord par son style que Mathieu Riboulet impose sa voix. Une écriture propre à renvoyer certains romans de l’automne au néant d’où les plateaux de télévision n’auraient pas dû les sortir. Son nouveau livre, L’Amant des morts pousse l’algèbre des phrases jusqu’à ce point d’incandescence où naissent les diamants bruts. Le verbe de cet écrivain nous saisit donc, et ce, depuis son premier livre, Un sentiment océanique, paru il y a douze ans.
Ensuite, était la terre. Une terre que les lettres françaises ne cessent d’ensemencer elle qui ne l’est plus guère par...
Ecce homo
On est d’abord dans quelque chose de brutal, un incipit jeté au lecteur pour le dissuader de poursuivre s’il n’aime ni la terre sombre des ancêtres, ni la sueur animale des corps, et moins encore le sexe et l’inceste homosexuel vécus comme un abandon. Dans la phrase qui ouvre le livre, « Le père, de temps à autre, couchait avec le fils », la violence vient de la nuance : « de temps à...
Dialogue avec les morts
Arpenteur d’un territoire et de thèmes récurrents, Mathieu Riboulet pousse son esthétique littéraire jusqu’au point qu’elle éclaire la part sombre du temps. Sans pathos mais dans la jouissance d’une langue sublime.
Nous sommes entourés par les livres des parents de notre hôte. Une télévision, près du mur, rassemble autour d’elle des dizaines de DVD posés, pour la plupart, sur le sol. La pièce respire une forme de sérénité à quoi dehors les arbres de la forêt font écho. Dans la manière avec laquelle il répond à nos questions, Mathieu Riboulet semble nous accompagner dans l’antichambre de son écriture....
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Ouvrages chroniqués
Avec Bastien
de
Mathieu Riboulet
2010
L’image stéréotypée d’un acteur de films X, de trois quart dos, engendre du manque, lequel suscite désir de fiction et fiction du désir : Avec Bastien.
Une phrase liminaire, aussi minimale soit-elle, comme les premières notes d’une partition musicale bien orchestrée, suffit parfois à cristalliser l’attention. Trois mots anodins, « Appelons-le Bastien. » par exemple, sont en mesure de donner le ton d’un texte et d’élargir le champ de son interprétation. Mathieu Riboulet le sait qui, chaque fois, semble ciseler ses incipit, soupeser leurs effets. Souvenons-nous de l’entame abrupte de L’Amant des morts (Verdier, 2008) : « Le père, de temps à autre, couchait avec le fils. (…) Le fils, de temps à autre, couchait avec le père. » Avec Bastien...
Les Portes de Thèbes : Eclats de l’année 2015
de
Mathieu Riboulet
2020
Mathieu Riboulet nous a quittés le 5 février 2018. Fidèles à celui qu’elles ont longtemps accompagné, les éditions Verdier publient aujourd’hui ces pages posthumes ainsi qu’un recueil de courts essais et hommages amicalement nommé Compagnies de Mathieu Riboulet. Se recompose alors le paysage – les thèmes et leur entrelacement – de cette œuvre et, surtout, résonne de nouveau sa voix. Ces « éclats de l’année deux mille quinze », comme l’indique le sous-titre, sont, en vérité, des éclats de voix, entre le chant intime et la profération presque oraculaire, pour ne pas dire testamentaire....
Entre les deux il n’y a rien
de
Mathieu Riboulet
2015
En un récit autobiographique lucide mais dénué de rancœur aussi bien que de larmoyante nostalgie, Mathieu Riboulet raconte sa jeunesse : quand l’apprentissage de la révolte fait écho à la revendication du désir.
Sous le règne sarkozyste, des voix martiales ou indignées reprenaient l’antienne déjà ancienne : si la France était en péril, au bord du gouffre, c’était la faute, non pas de Rousseau et Voltaire, mais de Cohn-Bendit et consorts. La Pensée 68, essai sur l’anti-humanisme européen (notons la modestie du sous-titre) de Luc Ferry et Alain Renaut datait pourtant déjà – de 1985 ! Mais l’accusation, régulièrement, revenait : 68 et ses séquelles auraient fait le lit, aussi bien, de l’individualisme le plus amoral comme de l’ultralibéralisme le plus égoïste. Et ceux qui avaient joué les premiers...
Lisières du corps
de
Mathieu Riboulet
2015
En un récit autobiographique lucide mais dénué de rancœur aussi bien que de larmoyante nostalgie, Mathieu Riboulet raconte sa jeunesse : quand l’apprentissage de la révolte fait écho à la revendication du désir.
Sous le règne sarkozyste, des voix martiales ou indignées reprenaient l’antienne déjà ancienne : si la France était en péril, au bord du gouffre, c’était la faute, non pas de Rousseau et Voltaire, mais de Cohn-Bendit et consorts. La Pensée 68, essai sur l’anti-humanisme européen (notons la modestie du sous-titre) de Luc Ferry et Alain Renaut datait pourtant déjà – de 1985 ! Mais l’accusation, régulièrement, revenait : 68 et ses séquelles auraient fait le lit, aussi bien, de l’individualisme le plus amoral comme de l’ultralibéralisme le plus égoïste. Et ceux qui avaient joué les premiers...
Deux larmes dans un peu d’eau
de
Mathieu Riboulet
2006
Malgré ce que laissait présager son titre, Deux larmes dans un peu d’eau évite l’écueil du mélodrame. D’autant que et Riboulet n’y est pour rien les romans sur ce thème sont légion depuis quelques mois, laissant apparaître une tendance au deuil pas forcément gageure de qualité. Pourtant, le récit mené par Paul se veut différent, à l’image de l’œuvre d’Anna Maria Ortese dans laquelle il trouve un exutoire au faix des obsèques paternelles et de la rencontre avec Mlle Gunersson. Cette dernière, Paul l’avait oubliée. Il avait cherché à effacer de sa mémoire la chute accidentelle de sa sœur...