auteur Michel Jullien
Ouvrages chroniqués
Constat d’estuaire
de
Michel Jullien
2023
Michel Jullien, depuis sa fenêtre sur l’estuaire de la Loire, lit et écrit le paysage. En 56 pages, une pièce d’orfèvrerie.
La grande littérature géographique est rare, peu d’écrivains s’y risquent. Il y faut une absolue maîtrise des descriptions, du point de vue, et le vocabulaire qui traduira le visible qui toujours glisse entre les doigts, le paysage est une anguille. Et puis, ne pas lasser son lecteur, y compris s’il connaît bien le coin. Ou d’autres qui lui ressemblent et dont celui visé devra se distinguer. Michel Jullien depuis chez lui, « neuf mètres cinquante » au-dessus de la Loire (« J’ai mesuré avec une corde », attaque l’incipit), relève le gant sous l’autorité d’un maître, l’auteur de L’Eau et...
Au bout des comédies
de
Michel Jullien
2011
Sur l’estrade d’Au bout des comédies, Michel Jullien brosse le tableau kaléidoscopique d’une humanité chancelante.
En l’an 8 après J.-C., Auguste condamne Ovide à l’exil, loin des sept collines de Rome, sur les bords du Pont-Euxin, à Tomes. Cerné par les barbarismes d’un assortiment de peuplades mal dégrossies, l’auteur des Métamorphoses se claquemure dans sa langue latine pour écrire les Tristes et les Pontiques. Rien, pas même l’avènement impérial de Tibère, ne délivrera le poète de la solitude pathétique et pittoresque de cette « terre échue, piètre cité de basse Mésie ». « Au cachot de Tomes », texte inaugural d’Au bout des comédies, donne la mesure d’une série de portraits de personnes illustres...
Les Combarelles
de
Michel Jullien
2017
Avec Michel Jullien, les grottes ornées du Sud-Ouest servent de prétexte à de subtiles digressions sur notre rapport au temps et à un art qui nous échappe.
Le mystère de l’art pariétal est inépuisable, certainement. Voilà qui semble une lapalissade, et pourtant : comment s’imaginer la surprise de ceux qui les premiers mirent les pieds dans ces grottes fermées (la grotte, un endroit de lui-même mystérieux, inépuisable) et découvrirent sur leurs parois des dessins aussi frustes que sophistiqués ? Leur découverte fut tardive (Altamira, fin XIXe siècle, puis très vite d’autres), comme ne manque pas de le rappeler Michel Jullien dans cet essai rêveur. Plus qu’un essai, une dérive, le goût de se laisser porter par l’enchantement, la...
Denise au Ventoux
de
Michel Jullien
2000
Oscillant entre ironie tendre ou mordante et franche émotion, Michel Jullien profite d’une excursion au Ventoux pour écrire de très belles pages sur la relation de l’homme et du chien.
L’homme qui promène son chien dans les grandes villes hérite d’un étrange statut de marcheur. Il n’a rien d’un passant. » De fait, un passant, Paul, le narrateur de ce délicat livre de promenades ne l’est pas. Un roman de parcours plutôt, de trajets et de points de chute qui aborde dans une langue aussi maîtrisée qu’étrange – comprenez : poétique, qui ne conçoit pas la métaphore comme un véhicule usé – la relation de l’homme au chien. Pourtant, Paul le non-passant passe, et plusieurs fois par jour même, il le faut bien, car sa bête a besoin de ces tours de pâté de maisons parisien, ces...
Compagnies tactiles
de
Michel Jullien
2009
Par une succession de courtes proses consacrées aux aléas du toucher, Michel Jullien égrène les choses revêches ou malléables auxquelles un minot s’est frotté.
Naître au monde exige non seulement une lente appréhension de la langue, de la profusion des sens qui s’offrent et se dérobent, mais aussi, surtout, une domestication acharnée parce qu’illusoire de la matière. Ainsi, pour endiguer l’ennui dont il faudrait cesser de croire qu’il est l’apanage d’adultes neurasthéniques, l’enfant met en scène des stratégies imaginaires cernées par une gamme d’objets manufacturés et, plus souvent, par un arsenal de « pièces ramassées à terre, une à une, déchues », insignifiantes. Un pas de vis, des « cailloux sans carat », du papier carbone, une prise femelle...