auteur Monique Wittig
A propos
Guériller la langue
Monique Wittig a construit une œuvre poétique et politique majeure, touchant à un art presque total. Se renouvelant sans cesse, elle a mené de subtiles et féroces opérations formelles et philosophiques pour éradiquer toute domination sociale et sexuelle. Depuis son prix Médicis il y a soixante ans pour L’Opoponax, état des lieux dans l’arène wittigienne.
Qui était Monique Wittig ? Ses amies la décrivent comme discrète, douce, à l’écoute, drôle. Célébrée en manifestation, citée sur des pancartes ou des tote bags, reconnue en tant que figure lesbienne et féministe radicale à l’origine de la fameuse sentence « les lesbiennes ne sont pas des femmes », l’énigmatique Monique Wittig reste aujourd’hui méconnue en France en tant qu’« écrivain » – et non écrivaine, puisqu’elle tenait à ce que l’écriture soit le lieu d’une liberté inédite, celle de l’absence de genre. Pourtant, l’œuvre de cette autrice, militante, théoricienne, traductrice et...
Une entrée dans l’arène
Des inédits très différents, entre productions littéraires et militantes, pour découvrir la structuration d’une pensée et d’une œuvre puissantes.
À la question de savoir si, dans ses livres, elle a manifesté quelque chose de féministe, Monique Wittig répond : « Pour moi, il n’y a pas de différence entre la forme et le contenu. Et les deux se tenant, je pensais que je pourrais me lancer dans l’arène ennemie – vraiment : l’arène ennemie – et y faire passer quelque chose. Et c’est l’enfance, c’est le thème de l’enfance qui m’a permis...
« Faire revenir Wittig sur la scène littéraire »
Éditrice et activiste lesbienne, Suzette Robichon a cofondé l’association des Ami·es de Monique Wittig il y a dix ans. Elle a créé la revue Vlasta, revue des fictions et utopies amazoniennes dont elle a dirigé le seul numéro – jusqu’à aujourd’hui – consacré à Monique Wittig et dans laquelle est publiée pour la première fois la pièce de théâtre, Le Voyage sans fin, en 1985. Suzette Robichon...
Ouvrages chroniqués
Virgile, non
de
Monique Wittig
2024
Réédition de Virgile, non, de l’extase du paradis aux atrocités de l’enfer.
Lorsque paraît Virgile, non en 1985, Monique Wittig est désormais surtout associée au lesbianisme radical. Pourtant ce texte, qui demeure mal connu, est le moins revendicatif de ses romans, le plus ouvert au doute, le plus troublant.
Dès la première page, le « je » détonne dans une œuvre construite contre l’individuation. Une femme seule, « Wittig » (elle emprunte à Jean Genet l’utilisation de son propre nom), entreprend un voyage « classique et profane » dans l’enfer d’une société hétéropatriarcale. Classique car, comme Dante dans sa Divine Comédie, Wittig suit un guide, une femme dont...
L' Opoponax
de
Monique Wittig
2018
Dans L’Opoponax, prix médicis 1964, Monique Wittig (1935-2003) laisse l’enfance s’exprimer, comme pour nous dire tout ce qu’elle est.
Avec un titre pareil, difficile de résister à la tentation d’ouvrir un dictionnaire… Selon Le Petit Robert, l’opoponax est une plante ombellifère de la région méditerranéenne « dont une variété fournit une gomme-résine aromatique utilisée comme parfum ». Et ailleurs, on apprend qu’au XIXe siècle on la trouvait dans les traités de pharmacologie… Le lecteur devra quand même patienter jusqu’à la page 166 pour voir enfin apparaître ce substantif, qui ne semble alors plus rien devoir à l’univers végétal et dont on nous assure soudain qu’« il n’est pas recommandé » de le fréquenter.
Bien malin...