éditions Antilope
Ouvrages chroniqués
Attendez-moi métro République
de
Hanan Ayalti
2017
Autour du personnage de Jacques, Juif résistant qui commet, en 1941, un attentat contre des Allemands, Hanan Ayalti déploie une fresque à la fois historique et intimiste – passionnante.
Après le détonant, le non-politiquement correct roman d’Igor Ostachowicz, cette nuit des Juifs-vivants qui voyait ressurgir, dans la Varsovie actuelle, les cadavres encore revendicatifs des Juifs du ghetto, les éditions de l’Antilope nous offrent une nouvelle découverte. Peut-être, comme cela fut la cas en 2004 avec la Suite française d’Irène Nemirovski, cette première traduction d’une œuvre d’Hanan Ayalti ne sera-t-elle pas la dernière, si ce roman rencontre le succès qu’il mérite. La comparaison avec la Suite française n’est pas fortuite : c’est de la même France, du Paris des années 30...
Entre les murs du ghetto de Wilno 1941-1943 : Journal
de
Yitskhok Rudashevski
2016
Arraché au désastre, le journal de Yitskhok Rudashevski restitue la vitalité opiniâtre d’un adolescent enfermé dans le ghetto de Wilno en 1941.
Suite de moments saisis sur le vif, le journal de Yitskhok Rudashevski commence par l’évocation, probablement a posteriori, de journées paisibles et lumineuses du mois de juin 1941. Le jeune Lituanien n’est alors plus tout à fait un enfant. Membre des pionniers, partisan convaincu du régime communiste, c’est un adolescent impatient de partir dans un camp de vacances à la campagne. Le 21 juin, lorsqu’éclatent des bombes sur la ville, présageant l’invasion des nazis de la Lituanie avec bientôt la déroute des Soviétiques, c’est en toute confiance qu’il observe le soldat de l’Armée rouge qui...
Guitel Pourishkevitsh et autres héros dépités
de
Sholem-Aleichem
2016
Guitel Pourishkevitsh et autres héros dépités, de Sholem-Aleikhem
Je viens de me laisser aller au glanage qu’encourage l’usage d’Internet, et n’en suis pas plus sage. Il en ressort que :
1. la traduction est impossible (si traduttore-traditore semble un peu éculé, on peut pimenter avec Derrida, Benjamin et autres).
2. la traduction est inéluctable.
Un exercice comparable à propos du yiddish – nouvelle plongée dans les réflexions brûlantes de Rachel Ertel (1) ; découverte d’Anita Norich (2) – aboutit à une nouvelle impasse :
1. « La traduction est l’essence même du yiddish » (R. Ertel), langue qui fusionne depuis un millénaire, à l’abri de ses...
Histoires des temps passés et à venir
de
Y.-L. Peretz
2020
Dans la Varsovie du début du XXe siècle, un jeune Juif vit un quotidien grisâtre. Personnage à la Bove, il se débat mollement contre la misère qui l’emprisonne, entre sa chambre modeste, un restaurant à prix fixe et la Vistule qu’il ne cesse de contempler. Mais une femme entre dans sa vie ; régulièrement, elle lui rend visite : « Elle ouvre la porte et s’écrie sur le seuil : - Bedzie opowiadanie, il y aura une histoire ? Sinon elle repart. Lui, elle ne l’aime pas, dit-elle. Les Juifs, d’ailleurs, elle en a peur, mais ses histoires, elle les aime ». Pour elle, il imagine donc, Shéhérazade...
Motl fils du chantre
de
Sholem-Aleikhem
2022
Rares sont les écrivains sachant restituer l’âme enfantine sans niaiserie ni artifice. Parmi eux, Mark Twain eut son Tom Sawyer et Sholem-Aleikhem (1859-1916) – qui passa en son temps pour le « Mark Twain juif » – eut son Motl. Âgé de 5 ou 6 ans au début du roman, celui-ci ne restera fils du chantre que le temps de devenir orphelin, avec une philosophie certaine et non sans y trouver quelque avantage. « Moi j’ai la belle vie, je suis orphelin » ne cesse-t-il de répéter avec un allant que nulle tribulation n’a le pouvoir d’éteindre. Elles ne lui feront pourtant pas défaut, non plus qu’à sa...
La Nuit des Juifs-vivants
de
Igor Ostachowicz
2016
Un jeune carreleur varsovien, anti-héros déboussolé, voit son appartement envahi par des cadavres de Juifs assassinés surgis de sa cave : un retour du refoulé drolatique et accusateur.
Les jeunes éditions de l’Antilope ambitionnant « de publier des textes littéraires rendant compte de la richesse et des paradoxes des cultures juives sur les cinq continents », nous avons déjà signalé la publication du journal de Yitskhok Rudashevski (Entre les murs du ghetto de Wilno 1941-1943) et de récits de Sholem-Aleikhem (Guitel Pourishkevtish et autres héros dépités). Mais sans doute font-elles preuve d’un certain courage en éditant aujourd’hui ce roman, qui pourrait sembler, à première vue, scandaleusement provocateur et qui plus est d’un atroce mauvais goût. Qu’on en juge :...