La rédaction Dominique Fabre
La révolution – chronique
Jusqu'au dernier grand soir
Dans les internats où j’étais on a fait pas mal de révolutions. Moi en général, comme j’étais boursier j’étais plutôt contre, surtout au début. Ma mère touchait un peu d’argent pour que je sois élevé chez les saints-pères. Puis, d’accord, mais quand même ! Il y a des circonstances où on ne peut pas ne pas monter au créneau. C’était hier, avant. Nos révolutions déjà préhistoriques, j’y pense souvent. Je les regrette un peu, et pour certaines d’entre elles, je me dis qu’on aurait dû les continuer, toute la vie en révolution, à force, on aurait pu changer des choses. Mais bon, comme on...
Choses vues – chronique
Il est bien le nouveau ?
Quand même, on aura attendu bien longtemps qu’il se passe quelque chose. Dans mon quartier les gens n’ont pas manifesté une très grande joie aux élections. Ils sont bien loin de tous voter, en fait. N’empêche, est-ce que j’ai rêvé ou bien certains étaient plus souriants ? Bien sûr, la plupart des habitants du Château des Rentiers n’attendent aucune amélioration nette de leur situation. Mon voisin le jardinier a remis ses vieilles tennis car ses neuves s’abîmaient trop vite, avec toute cette pluie qu’on a. Ses yeux si bleus, est-ce que je vous en ai déjà parlé, sans trop me souvenir, sans...
Visages amis
Redécouverte d’un art méconnu du XXe siècle, où les graveurs se penchent sur les abîmes du Capital.
À la manifestation de jeudi dernier, en remontant le cortège pour voir des copains, c’est comme si j’avais remonté un long bout de ma vie en marche arrière, j’ai pas continué jusqu’au bout : je ne voulais pas voir la fin. C’était sympa de rencontrer Emma, d’avoir des nouvelles de Dorothée, du journal où j’étais correcteur il y a cinq cent dix-sept ans, et même de quelques autres collègues...
Territoire conquis
Mes voisins de la cité Masséna rouge ont un peu l’air de vivre dans un camp retranché. Les types (de nombreux gendarmes ou pompiers) portent tous les cheveux très courts et souvent, leurs épouses nouent un foulard chic autour du cou. Le samedi elles font joggeuses sur le boulevard des Maréchaux. Eux jouent à la pétanque quand il fait beau. J’allais tourner un film là-dessus dans ma tête pour...