La rédaction Flora Moricet
Articles
Parle avec elle
Dans une langue très vive, Chantal Akerman, décédée en 2015, explore la parole et les silences qui unissent une mère et sa fille meurtries par le deuil.
Nous la connaissions comme une cinéaste majeure d’une extrême liberté aux films inclassables entre fiction, cinéma expérimental et documentaire, mais beaucoup moins comme écrivaine. Deux récentes rééditions de Chantal Akerman s’obstinent heureusement à pallier ce manque avec la publication de Ma mère rit (L’imaginaire/Gallimard, 2021) et Une famille à Bruxelles que L’Arche republie. Dans une langue mue par une quantité impressionnante d’associations libres, Akerman trace des liens intimes entre une mère et sa fille affectées par la maladie du père. La fille d’une rescapée d’Auschwitz, née...
La Dernière Saison du monde
J’ai élargi mon corps/ Laissé se former d’autres strates/ Choisi de trouver la douceur/ Au milieu de cette algèbre opaque ». Le coauteur de Nino dans la nuit (Allia, 2019) révèle une mélancolie apaisée et prend le parti d’une douceur désarmante. Dans une prose épileptique, Simon Johannin éclairait des figures romanesques furieusement à la marge. Assagi, son deuxième recueil de poésie porte un...
Grief de Ismaël Jude
Ce n’est pas un journal intime c’est un putain de manuel de guerre. » Ismaël Jude a jeté un sort à la langue française et très certainement au patriarcat. À partir de quelques notes du manuscrit de Pierre Rivière, excavé en 1973 par « la bande à Foucault », l’écrivain et metteur en scène imagine une sœur jumelle du jeune paysan qui assassina au début du XIXe siècle sa mère enceinte, sa sœur...
Parler sans visage
Un premier texte impressionnant de finesse sur les circonstances de la parole, quand elle fait faillite ou quand elle devient une fête.
Certains livres marquent comme seules savent le faire certaines rencontres, on ne les referme jamais tout à fait. Ils intègrent ce que Patrick Chamoiseau avait joliment nommé notre « sentimenthèque ». On pourra les relire en y trouvant toujours des mots nouveaux. Quand je ne dis rien je pense encore se lit comme une longue adresse, infiniment tendue vers l’autre avec un petit a car toutes les...
Demi-ciel de Joel Casseus
Tout a disparu ou est en train de disparaître sur une terre devenue infertile, sauf la part la plus monstrueuse de l’humanité. Après Crépuscules, son premier roman publié en France, l’écrivain québécois ouvre une nuit immense dans une dystopie radicale et poétique toujours aussi troublante. Une communauté d’hommes et de femmes vit sous la pire partie du ciel, dans une sorte de camp dont les...