La rédaction Flora Moricet
Articles
Rien ne se perd
Capable aussi bien d’incarner des personnages passés, de raconter des souvenirs que de décrire des œuvres et des bâtiments de manière anatomique, Judith Schalansky ausculte les choses qui restent.
L’astéroïde 95247 porte son nom. Autrice exigeante et minutieuse, dont l’originalité profonde explique sans doute qu’elle soit traduite dans plus de vingt langues, l’Allemande Judith Schalansky se reconnaît à son érudition teintée de poésie mélancolique. Ses trois livres traduits en français (dont les deux premiers Atlas des îles abandonnées, 2010 ; L’Inconstance de l’espèce, 2013) convoquent chacun une ou des sciences, notamment la géographie, la biologie, l’anthropologie, l’architecture… Mais toujours, en premier lieu, l’histoire.
Née en 1980 en ex-RDA, Judith Schalansky est marquée...
Un livre en douce et en douceur
Le romancier et poète Antoine Mouton a écrit au jour le jour toute la vie qui résistait encore chez son amie, la comédienne Hermine Karagheuz, alors qu’elle perdait la parole et la mémoire.
Qu’elle soit liée à la mort, à la vie, au sexe ou à l’amitié, la vieillesse a longtemps été un territoire banni de la littérature. En cette rentrée d’hiver, Gloria, gloria de Grégory Le Floch lui offrait une part réjouissante, mettant notamment en scène une femme septuagénaire, objet de désir d’une jeune femme. Dans son dixième livre, Antoine Mouton tient le journal de bord de son amie la...
Respiration à deux voix
Une savoureuse traversée dans l’univers littéraire et créatif de deux femmes de lettres inclassables, Héléne cixous et Cécile Wajsbrot.
En avril 2020, alors que le confinement vient d’être déclaré, Cécile Wajsbrot – romancière, essayiste et traductrice notamment de Virginia Woolf – invite son amie Hélène Cixous à reprendre un échange initié avec Une autobiographie allemande (2016), à partir de ce qui les réunit le mieux : la littérature. L’écrivaine et dramaturge née à Oran prend la balle au bond et réplique d’un verbe inouï...
Grammaire pour cesser d’exister
Voici un projet inédit : disparaître par la parole, trouver des moyens linguistiques de se soustraire de son corps en présence d’un interlocuteur. Le bref et neuvième texte des audacieuses éditions du Sabot déploie un programme drôle et réjouissant pour trouver « le moyen imperceptible de m’absenter de ma propre conversation », explique la jeune énonciatrice âgée de 30 ans. Elle rêve de...
Ce que parler veut dire
Remarquable mise en scène de la parole, véritable feuilleton de la pensée, le onzième livre de Gaëlle Obiégly libère un imaginaire irrésistible.
Elle grandit en Beauce puis échoue à étudier l’histoire de l’art dans une université à Paris. (…) Puis elle part en vacances en 1993 aux États-Unis », à lire sa page Wikipédia, on se dit qu’il n’y a qu’elle pour se présenter comme ça. L’autrice de 51 ans, habitée par la question de la parole et de l’aveu depuis son deuxième roman, Le Vingt et un août (L’Arpenteur, 2002), poursuit une forme...