La rédaction Julie Coutu
Articles
Au fin fond des bois
Là où la terre se fond dans les eaux, écoutons la voix des Filles du chasseur d’ours s’élever, hurler, maudire, dans un roman sauvage.
On y rencontre une forêt, l’ombre de l’ours, une chaumière abandonnée, sept filles à l’allure et au parfum d’ogresse, des trésors enterrés, une ville sous la neige, une narratrice comme une bonne fée. Et pourtant, Les Filles du chasseur d’ours n’a du conte que l’apparence, et tient les fées, bonnes ou mauvaises, très à distance. Ne serait-ce que par cette odeur qui se dégage de la troupe agitée des filles sauvageonnes et qui envahit chaque mot du texte. Comme si Anneli Jordahl avait voulu écrire un roman (le premier traduit en français) de senteurs (nauséabondes, âcres, boisées,...
Ombres du veld
Ni véritablement roman, ni précisément autobiographie, Rivière fantôme peut prétendre au titre de Mémoires, les souvenirs passés au prisme du subjectif et de l’oubli, filtrés par les années, soumis à la relecture imposée par le temps. Dominique Botha, auteur-narratrice-protagoniste, se refuse d’ailleurs à figer son texte dans un genre ou un autre ; elle écrit pour faire son deuil, accepter...
Pendaison à Cinder Bottom de Glenn Taylor
On sait tout de suite que Glenn Taylor ne les pendra pas : Abe Baach et Goldie Toothman ont un truc en plus. Ils sont le Keystone Kid et la Reine, le fils du cordonnier et la fille du bordel, jeunes, beaux, amoureux, joueurs de cartes et prestidigitateurs surdoués. On ne peut pas en en dire autant du nabot Rutherford Rutherford, chef de la police, qui organise leur pendaison, la première à...
Le Monde extérieur de Jorge Franco
Fantaisiste, onirique, cruellement réel. Voilà pour le monde intérieur/extérieur de Jorge Franco dans ce conte noir sur fond de drame dans la Medellin des 70’s. Diego Echavarria, Don Diego, est enlevé par une bande de gamins des rues mal grandis, menée par Mono Riascos qui a élaboré un plan simple, pense-t-il, pour fuir avec son amant grâce à l’argent d’une rançon vite récupérée. Sauf que...
L’ombre de l’Amérique
Leroy Kervin a 25 ans, peut-être 26. Il s’est engagé dans la Garde Nationale sur le conseil de son patron : « un week-end par mois et deux semaines par an », de l’argent toujours utile et facile, aucun risque. C’était compter sans la guerre en Irak. Une « roadside bomb », un traumatisme crânien, deux bras cassés : « Il ne savait plus ni parler ni marcher. La vie qu’il avait connue n’existait...