La rédaction Serge Airoldi
Articles
La Lumière est plus ancienne que l'amour de Ricardo Menéndez Salmón
Le roman débute par cette confrontation imaginée au cœur du XIVe siècle entre le cardinal diacre Pierre Roger de Beaufort, futur pape Grégoire XI, et le peintre Adriano de Robertis, responsable d’une Vierge à barbe. Le cardinal exige du maître qu’il détruise cette œuvre impossible. Inadmissible. De Robertis refuse, motivant cette décision par le souvenir du fils, Gianni, mort en 1348 de la peste. Un jour, Gianni questionne son père : pourquoi peint-il toujours le même sujet, en prenant soin d’inventer la beauté pure, sans défaut. Pourquoi ne peint-il pas la vie telle qu’elle est ?...
octobre 2012
Le Matricule des Anges n°137
Un livre
Quelques châteaux et toutes les ombres
de
Baltasar Porcel
Clair-obscur catalan
Disparu en 2009, Baltasar Porcel laisse un roman qui dit tous les antagonismes et toutes les subtilités de la Catalogne à travers le destin de deux héros.
Les villes sont invisibles à la raison. Seuls les hasards et les secrets cueillis grâce à la finesse d’une perception parviennent à les attirer dans le monde des matières. Quelques pages du livre de Baltasar Porcel suffisent pour comprendre de quel bloc il s’agit, à quelle machine littéraire nous avons affaire et à quelle urgence l’auteur nous invite dès les trois premières phrases....
Un livre
Apprendre à prier à l’ère de la technique
de
Gonçalo M. Tavares
Fleur noire
Le Portugais Gonçalo M. Tavares dresse le troublant portrait d’un homme obsédé par la volonté de puissance et de domination.
Attention à cette potion amère. Elle laisse des traces comme l’acide sur le marbre. Cette lecture jette tout au bûcher comme si ce qui était étranger aux principes obsessionnels de Lenz Buchmann ne méritait que l’autodafé. Elle plonge dans la vie radicale de ce chirurgien réputé, bientôt politicien aux méthodes fascistes, bientôt mourant, bientôt mort.
Quand Gonçalo M. Tavares situe-t-il son...
Un livre
Venise est un poisson
de
Tiziano Scarpa
Canal historique
L’écrivain Tiziano Scarpa dresse un portrait organique de Venise, sa ville. La ville-monde. La ville-langue. La ville des villes.
C’est un homme de l’intérieur qui écrit et qui raconte l’île-poisson. Parce que Venise, assure Tiziano Scarpa et il a raison, vue d’avion, ressemble à un poisson. Une « sole colossale ». Et de ce poisson, Tiziano le Vénitien parle à merveille, à l’égal des meilleurs livres écrits sur la cité des eaux. Il y a les très mauvais livres. Oublions ces tristes dictionnaires amoureux. Citons plutôt...
Un livre
En douce dans un coin
de
Theodore Francis Powys
En douce dans un coin
Le nom de Powys parle aux lecteurs. Ils étaient trois frères écrivains dont Théodore Francis (1875-1953) était le cadet. Ce roman est réjouissant pour plusieurs raisons. à commencer par son immense liberté dans un cadre - et l’histoire et l’écriture - qui semble bien classique au premier coup d’œil. Or, il n’en est rien. Cette plongée dans la vie du révérend Silas Dottery, recteur de Tadnol,...