La rédaction Valérie Nigdélian
Articles
Une révolution amoureuse
Penser ensemble lutte des classes et lutte des sexes ? Un portrait tout en nuances d’Alexandra Kollontaï, figure féministe centrale et singulière de l’Union soviétique naissante.
En 1970, le monde aura suffisamment changé pour que les mots de « propriété privée », « guerre », « faim » ou « monnaie » n’aient plus de sens. L’État, ayant achevé son processus de dissolution, aura laissé place à une fédération de communes auto-organisées où régnera l’égalité, sans riches ni pauvres, sans dominants ni dominés. La cellule familiale bourgeoise ayant fait long feu, hommes et femmes y vivront selon leurs règles et désirs, au gré de libres combinaisons amoureuses et érotiques…
Nous sommes en 1922 quand « celle qui fut la plus authentique représentante du féminisme...
Sainte Famille II
Après Bas monde, Patrick Varetz poursuit avec Petite vie sa réinvention d’une enfance obscure et violentée : une réflexion trouble sur le pouvoir et la liberté.
La petite chose informe et grinçante dont Bas monde (2012) narrait l’improbable et atroce venue au monde a grandi. L’enfant a désormais une dizaine d’années, mais autour de lui rien n’a changé. Le foyer n’a pas gagné en douceur, loin s’en faut, mais s’est enkysté en un cloaque infernal, une tragédie inlassablement jouée par Violette, sa « folle de mère », et Daniel, son « pauvre salaud de...
Fat City de Leonard Gardner
Stockton, Californie, fin des années 1960. Une ville de 80 000 habitants, parmi les plus pauvres des États-Unis. Depuis un an et demi que sa femme l’a quitté, Billy Tully erre d’hôtel en hôtel, de petit boulot en petit boulot. Rêve de sa gloriole passée de champion de boxe local, et d’un improbable retour sur le ring vu sa tendance à user et abuser du whisky. À peine 29 ans, et déjà le...
Nord-nord-ouest de Sylvain Coher
Ils se nomment Lucky, le Petit – autant dire qu’ils n’ont pas de nom. Ils viennent du Sud, fuyant de sombres fantômes – dont demeurent, derrière un silence tacite, des images violentes et sanglantes, et une arme volée. Ils ont traversé toute la France, prenant où ils le trouvent, sans scrupules, ce dont ils ont besoin pour avancer – voitures, nourriture, vêtements. Leur longue cavale...
Joyeux bordel
Le premier roman de Luigi Di Ruscio, ou la réinvention tendrement furibarde d’un petit coin d’Italie au temps où l’on rêvait encore la révolution.
On découvrait l’année dernière (Lmda N°151), bluffés, le dernier roman d’un écrivain italien gagnant depuis peu une reconnaissance tardive dans son pays d’origine : les éditions Anacharsis publiaient alors La Neige noire d’Oslo de Luigi Di Ruscio, texte volcanique sur l’exil, la condition ouvrière, le geste créateur, servi par une langue incandescente et ironique – l’explosion d’une furieuse...