RUBRIQUE Arts et lettres
Les articles
Le mur de l'évasion
Phénomène singulier de mutisme créateur que l’œuvre murale qu’a déployée Fernando Nannetti, pendant neuf ans, sur 70 mètres d’un mur de l’asile-prison de Volterra (Toscane). Cet électricien italien, né en 1927, fut arrêté en 1956 pour outrage à agent de la fonction publique avant d’être condamné à la réclusion. Pour échapper à la promiscuité permanente et au climat de bagarres et de délires régnant parmi les 4000 patients de l’institution, il va se retrancher dans un silence total et, dans un geste provocateur, utiliser la façade de l’hôpital comme support d’expression à son monologue...
Retour sur images
Dans la Cité des anges du début des années 1980, les retrouvailles des Cahiers du cinéma et d’Hollywood : un voyage passionné et passionnant.
Los Angeles, 1982 : sous un soleil hivernal, quatre fous d’images débarquent sur la terre mythique du cinéma US. Autour de Serge Toubiana, qui vient de succéder à Serge Daney au poste de rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, les deux critiques – et futurs cinéastes – Serge Le Péron et Olivier Assayas, et « la présence tranquille » de Raymond Depardon, chargé de réaliser un reportage photo...
L’écriture et le ravissement
Réédition (enrichie) des sept livres d’artiste emblématiques de l’œuvre de Sophie Calle.
Heureuse nouvelle en plein cœur de l’automne : Doubles-jeux reparaît dans une édition légèrement augmentée par rapport à celle de 1998. L’occasion de se rapprocher à nouveau de l’œuvre réjouissante et fascinante parce qu’inépuisable d’une des plus grandes artistes contemporaines françaises pour qui l’art, l’écriture et la vie sont inséparables. Les sept volumes qui composent le coffret...
La splendeur du désastre
En se penchant sur les peintures noires de Goya, c’est la métamorphose du réel en art qu’explore Stéphane Lambert.
Artiste emphatique, écrivain qui ne conçoit l’œuvre que comme réponse à un impératif interne, Stéphane Lambert est de ces créateurs pour qui l’art consiste à « faire de ce qui était censé nous abattre la matière première d’un grand réjouissement ». D’où l’importance qu’ont les vies d’artistes dans ses livres : Marc Rothko, rêver de ne pas être (2011) ; Nicolas de Staël, le vertige et la foi...
Les fieffés menteurs
« Toute œuvre d’art est un beau mensonge » : Maxime Decout examine avec finesse les dessous plus inquiétants de cette affirmation de Stendhal.
La formule de Coleridge a fait florès : lire un roman exigerait une « sus- pension de l’incrédulité » – mais on oublie souvent l’épithète qu’il y ajoutait : cette suspension serait « consentie » (« willing » dans le texte). Nul doute en effet qu’il faille une part d’abdication volontaire de notre exigence de rationalité pour accepter d’être embarqué dans l’aventure de la lecture, même si le...