RUBRIQUE Histoire littéraire
Les articles
Dissemblables mais complices
Si tout semble séparer Maurice Chappaz, le « catholique païen », et Philippe Jaccottet, l’homme du doute à la rigueur protestante, leur correspondance montre qu’ils partageaient la même idée d’une poésie de la présence.
Après avoir lu la correspondance (1942-1976) que Jaccottet échangea avec Gustave Roud (Gallimard, 2002, édition établie par José-Flore Tappy) on espérait découvrir celle qu’il échangea avec Chappaz. Un vœu aujourd’hui exaucé grâce à cette même José-Flore Tappy. Elle commence, cette correspondance, suite à une note de lecture élogieuse de Jaccottet à propos de Verdures de la nuit (1945), le deuxième recueil de Chappaz, son compatriote et aîné. Touché par cette lecture, ce dernier lui écrivit en juillet 1946, ouvrant un dialogue qui allait durer plus de soixante ans.
L’un, Chappaz, est...
Illusions perdues
Réédition du premier roman de l’autrice suisse romande Catherine Colomb (1892-1965), un bijou féministe à l’humour corrosif.
C’est très bref, superficiel, sans mouvement, enfantin par endroits, ennuyeux à d’autres ; il y a seulement des détails qui ne sont pas mal. » Ainsi l’autrice décrit-elle sobrement son texte dans une lettre adressée à Ottoline Morrell, peintre britannique et grande amie de Virginia Woolf. Marie Reymond de son vrai nom est alors une mère de famille quadragénaire qui, après un doctorat, s’est...
Métaphysique de l’Asparagugusse
Trente-sept nouvelles de l’écrivain Italien Achille Campanile (1900-1977), pour se gondoler comme à Venise… tant qu’il est temps.
Sollers est mort, Venise pleure et ajoute à la flotte où elle se noiera, l’ultima acqua que déjà l’on nous rationne. L’époque est sèche et réchauffée, autant dire indigeste. Nous avons soif de nouveauté, de fraîcheur et de rires. Las, en France les Alphonse Allais, Christophe (pas celui des Mots bleus mais du Savant Cosinus), Pierre Dac et son sublime et trop méconnu cogito (« Je pense à ma...
Des livres
Cahier Colette
de
Colette
Paris je t’aime
de
Colette
Colette, la jouissance autre
Loin d’être limitée à cet hédonisme un peu vulgaire dont on l’accuse parfois, l’autrice du Blé en herbe (1873-1954) incarne le plaisir de penser au-delà des sens, et de sentir sans analyser. Au profit d’une affirmation extasiée de l’existence et d’une osmose avec l’Être.
L’instinct la gouvernait, l’animalité la possédait, ses dieux étaient le chat, les bois, le cantique païen de l’aube. Apolitique, amorale, athée, voluptueuse et sauvage, scandaleuse par l’audace de ses mœurs, Colette aura connu toutes les formes d’amour sans jamais se fixer sur aucune. Elle aimait la chère autant que la chair et son plaisir de vivre était un plaisir des sens et un plaisir des...
Quelque chose d’elle
Un court mais dense inédit de Julien Gracq, cristallisation magistrale de ses grands thèmes.
La Maison, selon ses éditeurs, a dû être écrit « entre 1946 et 1950 », soit après la parution d’Un beau ténébreux et avant celle du Rivage des Syrtes. Foin des génuflexions devant le reliquaire, les « deux états successifs du manuscrit » ajoutés à l’imprimé ne lui apportent rien. Au mieux, en regard du brouillon mal lisible, a fortiori dans un format semi-poche, sa mise au propre ou « second...