Ayant admis que le sexe des femmes est en réalité ce que l’on nomme abusivement depuis toujours leur oreille droite (et vice versa), ayant admis et reconnu la chose, absolument sûr de son fait, Crab en société se rince l’oeil. Il ne perd pas une miette du spectacle« .
Des phrases comme celle-ci, La Nébuleuse du Crabe en est truffée. Plutôt qu’un roman, (comme indiqué sur la couverture), le livre d’Eric Chevillard est un chapelet de perles, enfilées les unes à la suite des autres sans autre lien que le personnage principal dont elles nous parlent : Crab.
Qui est Crab ? Un personnage, c’est tout. Le cousin, peut-être, du Palafox dont Eric chevillard nous avait fait découvrir l’existence dans un roman précédent.
Les 52 textes (un par semaine ?) qui nous le présentent se contredisent joyeusement, multiplient les incohérences ou restent très approximatifs.
La fonction de Crab consiste à se plier aux volontés de son créateur et, plus souple qu’un personnage de Tex Avery, à mettre en branle le réseau complexe des zygomatiques du lecteur. Ainsi : »Quand le sang lui monte à la tête, Crab retire ses bottes, plus besoin".
Eric Chevillard est un maître dans l’art d’accomoder les petites phrases anodines pour en faire de délicieux mets. La parodie, avec ce sujet polymorphe, ces incohérences volontaires, frappe les règles préétablies du roman avec un bonheur que le rire vient sauver du désespoir…
La Nébuleuse du Crabe
Eric Chevillard
Editions de Minuit
123 pages, 132 FF
Domaine français Votez Crab
janvier 1993 | Le Matricule des Anges n°3
Un livre
Votez Crab
Le Matricule des Anges n°3
, janvier 1993.