Le Temps turbulent, c’est des bouts de vie de Claire et Pierre, Fanny et Charles, Lili et Balthazar et des autres personnages : Elle et Lui, un fantôme, un enfant ou le fantôme de l’enfance, l’ancienne amante, Cloche, l’homme dégelé, François et les autres… Entre eux, les mots circulent. Catherine Anne a une manière toute particulière d’agencer les mots, dans la simplicité et la musicalité du dialogue. Mots de désir, mots de chair, un « viens », un « attends » ou un rêve rythme les scènes. Ou bien, les phrases sont destructurées, identiquement, « Elle dit non. Elle dit chaque objet rappelle Pierre. Elle dit Pierre et elle pleure ». Le texte se lit et il s’entend déjà, il sonne. Et les images naissent d’associations étranges :« Car qui sait demain ? Les ruines toutes étaient d’insouciantes maisons ». Ou bien Fanny qui se présente ainsi : « Fanny, c’est moi. De ma bouche sortent des petits nuages… ». Le Temps turbulent s’ancre bien dans la société d’aujourd’hui, avec la clochardisation, les grèves, le sida, les hospices ou le délire médiatique. Mais le quotidien, comme l’intime de chaque couple, glisse vers l’imaginaire intemporel. Il faut trois lignes à un personnage pour se mettre à vieillir et se retrouver confronté à sa mort. Et Claire, après avoir tout perdu, va devenir aveugle et « inconsolablement gaie (…)je suis curieuse de ma chute, curieuse de la fin ».
« Si vous vous démenez c’est que vous ne voulez pas entendre le battement du temps… Et la vie, elle est sûre, dès le cri du marmot elle bat son plein, le sens dessus dessous. Y a rien que ce qu’y a. Y a tout ! »
La pièce a été créée dans une mise en scène de l’auteur en mars à Toulouse et sera reprise à partir du 26 avril au théâtre de Nanterre-Amandiers.
Le Temps turbulent
Catherine Anne
Actes Sud-Papiers
91 pages, 88 FF
Théâtre Le sens dessus dessous
janvier 1993 | Le Matricule des Anges n°3
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Le sens dessus dessous
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°3
, janvier 1993.