A pas même trente ans, Valérie Rouzeau débroussaille les pages des mots en trop comme si elle n’avait fait que ça dans sa vie. Sa poésie pèse juste ce qu’il faut d’encre pour ouvrir de longs silences qui parlent plus que de vaines figures lyriques. Ironiques parfois « Peut-on retarder novembre/ dérégler toutes les horloges ?/ elle se pose de ces questions », graves souvent « Pourquoi font-ils cela/ les miroirs/ des visages vieux ? », ses poèmes retrouvent dans d’infimes détails la silhouette d’une grand-mère aujourd’hui disparue. Placé sous le signe de la neige Patiences apparaît comme une tentative d’arrêter le temps, de le figer dans des souvenirs que la mort menace. La vie est au creux de ces vers très courts, suspendus dans un souffle et dont la ténuité constitue la véritable puissance. « Ils gauleront les noix / puis ce sera au soleil / de tomber / des arbres »
Le Manège du Cochon seul
P. Bastide 18, rue Alfred-Brisset
et Albatroz
64 pages, 50 FF
Poésie Patiences
juin 1995 | Le Matricule des Anges n°12
| par
Thierry Guichard
Un livre
Patiences
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°12
, juin 1995.