Cette édition de quatre lettres de Virginia Woolf trouvées par hasard dans le tiroir du bureau de son amie Vita Sackville-West montre la limite extrême de la publication d’un texte. Ce n’est pas la minceur du volume qui irrite mais, au contraire, son enflure : il y a quatre lettres traduites en français, des notes, les lettres originales en anglais et une postface. L’élan fragile de l’écriture de Virginia Woolf est sans cesse coupé par un pointilleux petit chiffre renvoyant à une bonne trentaine de notes qui obligent le lecteur attentif à un incessant va-et-vient entre le texte et sa glose. Glose qui finit par grignoter le texte, le doublant d’une prose insignifiante et inutile. La postface parachève ce procesus d’étouffement du texte en imposant un deuxième commentaire dont le vide interprétatif est consternant. Restent les quatre petits textes purement woolfiens (huit pages) qu’il faut impérativement lire « tout nus », en anglais si posssible, quatre modèles de son style fébrile et de son attention constante à ces « myriades de sensations » qui furent l’obsession majeure de son écriture.
Christian Bourgois
traduit de l’anglais
par Jean Guiloineau
31 pages, 45FF
Domaine étranger Quatre lettres cachées
juin 1995 | Le Matricule des Anges n°12
| par
Michèle Weinberger
Un livre
Quatre lettres cachées
Par
Michèle Weinberger
Le Matricule des Anges n°12
, juin 1995.