Avant de parler du livre proprement dit, un carton rouge : on ne sait pas qui, de l’éditeur ou de la traductrice, a eu l’idée du titre français, mais qui que ce soit, on ne l’en félicite pas. D’accord le titre en v.o - The Bookshop -, n’est pas franchement renversant, mais ce n’est pas une raison pour appâter le chaland en jouant sur la réputation sulfureuse du roman de Nabokov dont il est en fait à peine question dans ces pages. Il faudrait voir, tout de même, à ne pas se moquer de nous… Ceci ayant été dit, le livre en lui-même : cette Affaire Lolita, Penelope Fitzgerald (qui n’a aucune espèce de parenté avec Francis Scott) l’écrivit un an avant l’obtention du Booker Prize, en 1979. L’action, elle, se situe vingt ans plus tôt, à l’extrême fin des années 50. Penelope Fitzgerald (1916-2000), dont on peut également lire Début de printemps, récemment traduit, a planté son décor dans une bourgade du nord de l’Angleterre, qui a les pieds dans l’eau de la mer du Nord : Hardborough. Un nom, n’est-ce pas, qui fleure bon l’ennui et les cancans sous cape. Ici le climat est aussi venteux que vieillot. Rien ne s’y passe que des bourrasques et le laitier. Imaginez Florence Green, une veuve entre deux âges qui, sur un coup de tête, ouvre une librairie en ces confins, et une librairie qui tourne bien, des notables qui ne voient pas la chose d’un bon œil, des messes basses et des coups bas… Imaginez encore l’ironie, le sarcasme et l’espièglerie de Penelope Fitzgerald dans la conduite d’une histoire, presque une intrigue, qui, sans être palpitante, est tout à fait plaisante. Assurément, Miss Penelope possède le sens du récit d’une Agatha Christie et le bon sens critique d’une Jane Austen.
L’Affaire Lolita de Penelope Fitzgerald - Traduit de l’anglais pas Michèle Lévy-Bram, Folio, 189 p., 6,30 €
Poches Mensonge et préjugés
juillet 2008 | Le Matricule des Anges n°95
| par
Anthony Dufraisse
Un livre
Mensonge et préjugés
Par
Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°95
, juillet 2008.