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Théâtre Un opéra tout neuf

octobre 2023 | Le Matricule des Anges n°247 | par Patrick Gay Bellile

L’œuvre culte de Bertolt Brecht, nouvellement traduite, bénéficie d’un remarquable travail éditorial.

L' opéra de quat’sous. film de quat’sous. procès de quat’sous

L’Arche, la maison d’édition qui veille historiquement sur les œuvres de Bertolt Brecht, poursuit avec constance et intelligence son travail autour des textes du grand dramaturge allemand. Après avoir publié en romans graphiques Histoires de monsieur Keuner et La Résistible Ascension d’Arturo Ui, elle entreprend cette fois de nous faire redécouvrir son œuvre la plus célèbre, L’opéra de quat’sous à travers une très belle édition critique. En proposant tout d’abord une nouvelle traduction, ou plutôt une première traduction de la première version du texte, celle de 1928, année de sa création scénique. C’est cette version qui a servi de base au spectacle présenté cet été au Festival d’Aix-en-Provence, mis en scène par Thomas Ostermeier et qui est repris cet automne à la Comédie-Française. Les précédentes traductions de l’œuvre de Brecht, plus littérales peut-être, rendaient les textes souvent un peu lourds, un peu trop didactiques. Ici, le lecteur ressent comme un allègement de la langue, un souffle que l’on retrouve aussi dans les songs brechtiens. Les répliques fusent, les personnages de la rue retrouvent un franc-parler souvent très drôle qui donne à l’ensemble une énergie mais ne dissimule en rien les aspects politiques et sociaux du texte.
L’opéra de quat’sous, cette version du moins, est une œuvre de jeunesse de Brecht. Elle connut un succès considérable, dû en grande partie aux songs, ces chansons reprises de nombreuses fois, et encore aujourd’hui. Mais elle donna naissance par la suite au « meilleur imbroglio philologique que constitue la genèse de l’œuvre, sans doute le plus formidable micmac de l’histoire du théâtre. » Et c’est l’éditeur et traducteur du texte, Alexandre Pateau, qui parle. Car Brecht ne manqua pas de modifier régulièrement son texte, à la fois pour en accentuer l’aspect politique mais aussi pour lui donner une portée plus universelle. Ce qui nous vaut les versions de 1931 et 1955. Il toucha également aux songs mis en musique par Kurt Weill, et, sans l’accord de celui-ci parti poursuivre une carrière aux États-Unis. ajouta des couplets à certains et en modifia d’autres : « On sait que le poète était doué d’une sensibilité musicale hors du commun ». Tout cela, cette nouvelle édition nous le donne très précisément, notant et commentant point par point ces ajouts qui ne modifient pas mais précisent davantage cette histoire : d’un côté la famille Peachum, une entreprise familiale qui propose aux laissés-pour-compte de se transformer en véritables mendiants pour déclencher la charité publique en leur fournissant costumes, prothèses et un quartier de Londres pour exercer leur activité ; et de l’autre, MacHeath le truand à la tête d’une petite bande de gangsters, mais de gangsters classes, dirait-on aujourd’hui. Le mariage de Polly Peachum et de MacHeath va déclencher une guerre entre les deux clans. Tout cela se passe dans les bas quartiers de Londres, au milieu des prostituées, des flics corrompus et des miséreux qui cherchent par tous les moyens à s’en sortir.
Mais la vie de ce texte ne s’arrête pas là. En 1931, la sortie d’un film L’opéra de quat’sous, réalisé par G.W. Pabst vaudra à Brecht de perdre un procès entrepris contre les producteurs pour non-respect de l’œuvre. Cette nouvelle édition nous fournit le scénario intitulé La Bosse, écrit par Brecht pour ce film, et refusé par la production. Puis viennent ensuite des textes plus courts qu’il rédigea à cette occasion sur les rapports entre le théâtre, et plus généralement la littérature, et le cinéma perçu comme une entreprise commerciale. Et aussi sur le travail de l’acteur, et sur la façon dont il conviendra de jouer les personnages de l’opéra.
C’est un magnifique travail d’édition réalisé là par L’Arche et Alexandre Pateau qui, en plus de nous proposer une langue fraîche et joyeuse, nous offre une trentaine de pages intitulées « La grâce et les griffes » dans lesquelles il nous fait partager les difficultés d’une traduction à travers l’obligation pour les songs traduits de respecter la métrique allemande en français. Tout cela constitue, peut-être, une première étape et il n’est pas interdit d’espérer que L’Arche nous réserve encore quelques bonnes surprises dans le domaine brechtien.

Patrick Gay-Bellile

L’opéra de quat’sous. Le film de quat’sous
Le procès de quat’sous

Bertolt Brecht
Édité et traduit de l’allemand par Alexandre Pateau
L’Arche, 288 pages, 21

Un opéra tout neuf Par Patrick Gay Bellile
Le Matricule des Anges n°247 , octobre 2023.
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