L’Hymne du hongrois György Schwada est un petit bijou. Texte très court, d’une grande simplicité dans le style comme dans la construction très répétitive, il fonctionne avec une efficacité rare. L’Hymne se découpe en huit tableaux qui se déroulent presque tous à quatre heures du matin. « Quelle heure est-il ? / Il est bientôt quatre heures et quart… / Et pourquoi tu l’as pas dit ? / Qu’est-ce que je n’ai pas dit ? / Qu’il est quatre heures passées…/ Je te l’ai dit Jozsi… »
L’homme, Jozsi, dort dans la caisse à charbon. Chaque réveil le trouve pratiquement amnésique. Il questionne sa femme Aranka qui lui rappelle qu’il est rentré vers minuit, saoul et brutal, et qu’il a réveillé ses enfants pour forcer sa famille à chanter l’hymne national. L’homme est stupéfait. La femme le réconforte : « Quand quelqu’un travaille toute la journée et qu’après le boulot, il bosse encore pour nourrir une grande famille… alors il lui faut quelque chose… Il lui faut chanter l’Hymne tous les jours ».
Les voisins portent plainte, « parce qu’ils veulent nous aider ». Amendes, prison, services sociaux, la violence grandit et mène au meurtre. Les personnages de ce récit sont comme absents, ils regardent dans le vide, étrangers à la violence qu’ils provoquent. Cette attitude impassible face au destin dégage le texte du simple sait divers. L’Hymne a été mis en scène par Ludovic Lagarde au C.D.N. de Reims en décembre dernier.
L’Hymne
György Schwada
traduit du hongrois par
Anna Lakoslt et
Jean-Loup Rivière
Editions théâtrales
46 pages, 68 FF
Théâtre Il est quatre heures, Jozsi s’éveille
novembre 1992 | Le Matricule des Anges n°2
Un livre
Il est quatre heures, Jozsi s’éveille
Le Matricule des Anges n°2
, novembre 1992.