En trois ans et demi, les éditions Viviane Hamy ont reçu quelque 1300 manuscrits (dont quatre ont été publiés), via un bureau de poste. Dès leur arrivée, les textes reçoivent un numéro qui est reporté dans un grand cahier, avec leur titre, le nom, l’adresse de l’auteur et la date de réception. Autant de colonnes qui précèdent la dernière, celle où sera indiquée la date… de refus. « Dès qu’un article paraît sur un de mes livres ou sur la maison d’édition, je reçois plus de manuscrits. C’est désespérant parce que dans ce cas, ce sont souvent des gens qui n’ont jamais lu ce que je fais et qui envoient des textes qui de toutes façons ne sont pas pour moi. » La lettre de refus est envoyée dix jours à trois mois plus tard. Deux mois après l’envoi de la sentence, si l’auteur ne s’est pas manifesté pour récupérer son manuscrit, le texte est jeté. Quelques petits conseils :
1) ne venez pas au 55, rue du Temple en disant :« Bonjour, je viens de la part de… », Viviane Hamy a horreur de ça.
2) soignez vos premières pages ! « Tous les auteurs que j’ai publiés, ce sont les premières pages qui m’ont fait les lire avec beaucoup d’attention. Si c’est original, s’il y a un style, alors on a vraiment envie de continuer la lecture. Pendant une période, je recevais des manuscrits qui commençaient tous par la description d’un coucher de soleil sur la mer, quel originalité ! ». Viviane Hamy est très attentive à l’attaque d’un roman, même si souvent elle se force à lire les quarante pages d’un manuscrit au début peu prometteur. Ce qu’elle cherche dans la littérature ? « Une dimension métaphysique, existentielle. Il faut que je sois prise par un texte pour pouvoir ensuite le défendre. Je demande aux livres que je lis de mieux me faire comprendre le monde. »
Rêvons un peu : votre manuscrit a quitté l’étagère « à lire » pour se retrouver un niveau en dessous, sur l’étagère « à lire plus attentivement ». Vous venez de passer le premier cap. Viviane Hamy amène votre travail chez elle avant de le faire lire à des amis. Ensuite, elle vous appelle pour prendre rendez-vous.
Si vous avez d’autres manuscrits dans vos tiroirs, si vous avez publié des nouvelles dans une revue, tant mieux, c’est un sacré atout. Vous vous verrez proposer un contrat avec un à valoir symbolique de 3 000 francs. Ensuite, le barème des droits d’auteur suivant : 8% sur le prix du livre si celui-ci se vend à moins de 3 000 exemplaires, 9% entre 3 000 et 6000 et 10% jusqu’à 10 000. C’est peu mais les auteurs sont bien défendus.
Éditeur Soignez l’attaque
avril 1993 | Le Matricule des Anges n°4
Viviane Hamy le clame haut et fort : « Les éditeurs français sont à la recherche de nouveaux auteurs ».
Un éditeur