Un livre

L' Histoire du théâtre dessinée

de André Degaine

Editions Nizet

André Degaine avait fixé le rendez-vous sous le portrait de Georges Pompidou à Beaubourg. Le temps des salutations et le voilà guide d’une exposition, histoire de se mettre en bouche avant notre entretien ; il avoue lui-même qu’il est « baratineur », et surtout qu’il adore partager ce qui lui plaît.
« J’ai toujours fait du théâtre pour rendre service, pour instruire les jeunes. A l’âge de la retraite, j’avais du temps, alors j’ai pensé que ce serait intéressant d’écrire cette histoire du théâtre. Ce travail m’a demandé cinq ans. J’ai tout fait, jusqu’à la mise en page. Je suis allé voir quelques éditeurs qui m’ont pris pour un fou. Mon bouquin n’étant pas « conforme », il n’a pas été accepté. Mais en fait j’étais assez content de pouvoir faire comme je l’entendais. J’ai autodiffusé mon livre à 300 exemplaires. Les librairies théâtrales et LLO (Librairie Lettre Ouverte) ont accepté de le prendre. Un mois et demi plus tard, tout était vendu. J’avais fait un seul service de presse à Jérôme Garcin pour Le Masque et la Plume et mon livre a été cité sur France-lnter. L’éditeur Nizet m’a ensuite proposé un contrat. Aujourd’hui on est à 8000 exemplaires vendus et 5000 autres vont être retirés », raconte André Degaine, tout fier même s’il est encore surpris d’un tel succès.
Ce passionné de théâtre avait une vocation pédagogique très précoce. « Petit, j’aimais bien faire des représentations de marionnettes pour mes copains. J’avais un recueil de pièces d’Alphonse Crozière avec plusieurs histoires dont La Baguette magique que je reprenais régulièrement. Le prix d’entrée au spectacle était une bille. Mais déjà à l’époque je voulais que tout le monde comprenne bien, je changeais donc le texte. Je disais par exemple : « le vent à décorner les cornes des bœufs ».. »
Jeune homme, il arrive à Paris comme employé des postes. « J’étais au guichet. Mon principe était de travailler vite pour pouvoir ensuite parler entres autres des pièces que je voyais avec Jean-Louis Barrault, Louis Jouvet, Charles Dullin… » Il monte pour la première fois sur les planches avec la troupe amateur des PTT.
« Nous étions les supporters actifs de Jean Vilar en incitant les gens à s’abonner ». Quand André Degaine quitte Paris pour Clermont-Ferrand, il continue à jouer dans les troupes amateurs et se met à écrire Il adapte entre autres Les Bacchantes d’Euripide pour un public ouvrier.
La société d’aujourd’hui n’est pas trop pour lui plaire. Trop technocrate, trop molle. Son idéal pour le théâtre reste ce qu’a réalisé Jean Vilar. Et il a quelques envies. « Par exemple, j’aimerais qu’il existe une « théâtrothèque », où l’on jouerait tout le répertoire du Moyen Age à nos jours. On a confisqué une partie du théâtre sous prétexte qu’il n’était pas bon. Du coup, il y a plein d ’auteurs dont on n’a même plus idée qu’ils existent ! Et puis il faudrait découvrir de nouveaux auteurs. Le travail sur le texte que faisaient Jouvet et Giraudour à cet égard était exemplaire. »
Quant à ses projets personnels. il en a plein les poches d’où il sort régulièrement pendant la conversation des enveloppes remplies d’imprimés annonçant des conférences, des balades… Il a d’ores et déjà l’idée d’un autre bouquin sur les promenades théâtrales à Paris. Et puis maintenant Jérôme Garcin l’invite au Masque et la Plume. « Ça se passe très bien. La dernière fois, j’ai fait rire le public parce que j’ai défendu bec et ongles Knock, j adore ce texte… » Les éditions Gallimard Jeunesse lui ont également demandé d’être leur conseiller théâtre. « Les copains plaisantent en disant que je vais attraper la grosse tête. Je ne pense pas ! Je prends du temps pour flâner, souffler un peu. m’intéresser à d’autres choses… » L’illustration. en petites histoires, de l’art de vivre quoi !