En 1938, Freud s’exile à Londres. Eric-Emmanuel Schmitt imagine le moment où le psychanalyste, atteint d’un cancer, prend cette décision : un soir de drame où les nazis s’en prennent à sa fille. Surgit alors le visiteur. Le doute persiste jusqu’à la fin du récit sur son identité. S’agit-il de Dieu, d’un fou ? Ou encore d’un rêve de Freud, d’une projection de son inconscient ? L’auteur traite de problèmes métaphysiques sur l’essence humaine, la mort, la religion sans jamais être ennuyeux, grâce à une bonne dose d’humour. Le Visiteur a des airs de famille avec Les Ailes du désir de Wim Wenders, l’inconnu s’émerveillant par exemple à chaque découverte des contingences de l’incarnation charnelle. Le récit reste très vivant, (pas de références biographiques). certaines répliques font mouche : « C’est la bête en moi qui veut croire, pas l’esprit. C’est le corps qui ne veut plus tremper ses draps d’angoisse… Dieu c’est la révolte de la carcasse » dit Freud, l’incrédule.
Dans cette crise, il se voit offrir la foi en un dieu qu’il a toujours récusé. Se convertira-t-il ? S’enfermera-t-il dans ses convictions ? Par un astucieux procédé final, Eric-Emmanuel Schmitt permet à son personnage de rester dans un ineffable doute.
Actes Sud-Papiers
63 pages, 50 FF
Théâtre Le Visiteur
décembre 1994 | Le Matricule des Anges n°6
Un livre
Le Visiteur
Le Matricule des Anges n°6
, décembre 1994.