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Théâtre Messie sur scène

novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21 | par Maïa Bouteillet

Le Visage d’Orphée

Autant le dire tout de suite -notamment à ceux que la densité lyrique risquerait de décourager assez vite- ce texte est magnifique. Le Visage d’Orphée consacre le poète en nouveau messi de la modernité (« celui qui connaît le nom de Dieu ») et Olivier Py en est indéniablement un. On peut ne pas le suivre dans sa quête mystique, dans son « appel à la foi » -le jeune auteur répète à l’envi qu’il est « chrétien et homosexuel » - mais l’on ne résistera pas longtemps à la beauté du chant de cet Orphée. On peut s’agacer quand il prend la pose, un soupçon mégalo, mais l’on reconnaîtra que l’écrivain (une petite dizaine de pièces à son actif déjà), metteur en scène et acteur de 32 ans, a un talent fou.De l’atelier du sculpteur Musée, aux portes des Enfers, ce « rêve marché » à l’allure de fable biblique nous entraînera, par des chemins souvent tortueux, dans la cour d’un hôpital, sur un champ de fouilles archéologiques et dans la loge d’une putain. C’est là qu’Orphée recrutera ses disciples et qu’à sa suite, ils trouveront la réponse à la Question. Figure du Christ ? Christ d’un genre nouveau ? Baptiste prévient ceux qui veulent suivrent : « Orphée n’est pas un prophète, il ne construira rien, c’est pourquoi tu peux croire en lui. Il indiquera le lieu du divin mais n’annoncera pas le dieu, il enjoindra ceux qui le veulent à circonscrire ce lieu de l’absence ».
Et à la fin de la première époque (un peu lourdement intitulée Le très pur amour), Orphée lui-même, dans un magnifique éloge de la différence, de la singularité : « N’allez pas à Dieu, soyez Dieu. Voilà ce qui est nouveau entre nous, nouveau devant nous et pour chacun, nouveau. Voilà la chair nouvelle sous le verseau. Têtes affranchies, cette vérité est l’encens de notre génération… Dieu n’est que l’accueil de Dieu. Et moi je vous apprendrai à marcher dans la nuit ».
Un théâtre de la foi écrit à l’ombre de Claudel et à travers le prisme de notre époque. Un théâtre où transpirent en filigrane les jeunes engagements d’Olivier Py -grève de la faim, en 1995, pour dénoncer la passivité européenne face à la tragédie bosniaque, actions aux côtés des sans-papiers de St-Bernard, en 1996.Comme en écho à La Servante -véritable événement théâtral de l’année 1995 (Actes Sud-Papiers)- dont il ne retrouve malheureusement ni l’éclat, ni l’humour - Olivier Py veut redire surtout son incommensurable amour du théâtre. Théâtre dans le théâtre toujours, ses pièces célèbrent avant tout ce lieu de fraternité, cette réunion autour de la parole partagée.A la fin de la première partie, Bienvenu écrit les mots qu’il a avalés sur un petit bout de papier et le passe au premier rang des spectateurs. Exhortant le public à faire passer le message de main en main, Victoire s’écrit : « nous verrons alors cette parole monter dans les tribunes par la volonté de chacun, et irriguer ce grand choeur dont la réunion m’émerveille encore ». Où l’on retrouve Olivier Py en prologue « peut-être une de mes paroles nous est-elle commune ? C’est pour cela que je parle et frappe la noire multitude de l’audience avec la ferveur de ma langue. Au détour de chaque mot se risque un miracle que l’un de vous accueillerait. Et, en cet instant, nul ne pourrait dire qui est le poète. Qui a connu cela est Orphée ».

Le Visage d’Orphée, Olivier Py
Actes Sud-Papiers, 111 pages, 90 FF

Messie sur scène Par Maïa Bouteillet
Le Matricule des Anges n°21 , novembre 1997.
LMDA PDF n°21
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