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Domaine étranger Désespérante DDR

juillet 2000 | Le Matricule des Anges n°31 | par Jacques Goulet

Christa Wolf semble chagrinée d’avoir vu la RDA liquidée sans façon. Curieuse mansuétude pour un état qui espionnait ses fidèles soutiens.

Ici même, autre part

Ici même, autre part recueille des textes de nature différente, classés par ordre chronologique, et prolonge Adieu aux fantômes (Fayard, 1996). Par touches, celle qui fut le plus célèbre écrivain est-allemand expose son rapport à la RDA puis à l’Allemagne réunifiée dans des frontières reconnues. Même si ce livre s’adresse avant tout à qui aime l’œuvre littéraire, chacun peut suivre avec intérêt, de 1994 à 1998, l’impact individuel de ces bouleversements sur une âme sensible.
Deux chroniques évoquent la Californie où la romancière a fait un long séjour, en partie, semble-t-il, pour fuir des polémiques liées à la sortie du dossier attestant qu’avant d’être elle-même surveillée et censurée elle avait un temps collaboré avec la Stasi. En plein dépaysement californien, ressurgit la question qui fait mal. Rencontrant des juifs, l’auteur se sent soudain renvoyée à ce pays au passé chargé qui, longtemps coupé en deux, se recompose avec difficulté. Elle décrit aussi la gêne des jeunes et des moins jeunes de la DDR que l’on faisait séjourner dans les pays de l’Est, où la Wehrmacht avait sévi. Cruelle culpabilité collective pour quelqu’un qui avait seize ans en 1945 !
Texte intime, Dans la pierre reconstitue les états de conscience liés à une anesthésie et à une intervention chirurgicale. En fait, les extraits de son Journal qu’elle nous livre font espérer qu’on découvrira un jour la diariste qui a longtemps cru devoir cacher son journal intime. Avec les deux chroniques américaines, c’est le texte le plus subjectif, sinon le plus élaboré.
Ailleurs -ce sont souvent des lettres, des hommages posthumes ou des vœux d’anniversaire-, ses échanges prolongent des débats poursuivis avec de vieux amis, lesquels prenaient la relève des débats que Christa Wolf entretenait avec soi. L’écrivain avait volontiers adhéré à l’idée du socialisme, mais elle avait toujours été déçue par le socialisme réel. Sans demander jamais la liberté, ni décider de la « choisir », elle eût toujours désiré plus de liberté, ces textes le répètent comme un aveu douloureux. Et ces débats se poursuivent avec des écrivains comme Günter Grass, plus réaliste et mieux informé, avec Heinrich Böll (hommage posthume), Franz Fühmann, Max Frisch…
Christa Wolf rend aussi hommage à Charlotte Wolff. Celle-ci avait fui l’Allemagne nazie dès 1933 : juive, féministe et lesbienne, elle a su courageusement se garder en vie, exercer son activité de médecin et se considérer comme citoyenne du monde, protégée par l’excellent passeport britannique. Cet hommage à la quasi-homonyme, intitulé Contre le froid des cœurs, nous donne grande envie de lire son autobiographie au titre délicatement proustien : Les Instants nous transforment plus que le temps.
Féministe et donc humaniste, Christa Wolf apparaît bien souvent comme une communiste qui fut sans cesse déçue par un État aussi inefficace que cruel mais qui ne pouvait pas faire le deuil d’une idée qui se présentait comme l’antidote du fascisme et du capitalisme, ce système social restant dans son esprit plus associé à l’individualisme égoïste qu’à la production d’un relatif bien-être individuel. Obstinée, elle se révèle un auteur symptomatique. Elle en devient émouvante et pathétique.

Ici même, autre part
Christa Wolf

Traduit de l’allemand
par Alain Lance
et Renate Lance-Otterbein
Fayard
216 pages, 110 FF

Désespérante DDR Par Jacques Goulet
Le Matricule des Anges n°31 , juillet 2000.
LMDA PDF n°31
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