D’une ouverture qui frôle parfois la déchirure du grand écart à froid, Bottom N°3 livre un sommaire en forme d’hors-d’œuvre variés. Un inédit de Mrozek, dont l’écriture paranoïde dilate la rate. Une nouvelle de Raymond Bozier vantant les mérites du Magazine Littéraire comme arme anti-moustique. Un poème aérien (et ferroviaire, un temps) de Werner Lambersky : « Sur tes hanches/ comme un wagon/ de marchandises/ lancé/ dans une gare/ de triage/ J’arrive/ au pont tournant/ de tes constellations ». Jacques Rebotier dans la splendeur de ses ratures. Une visite surprenante chez Cali Houcine, épicier de quartier à Paris, animateur dans sa boutique de soirées littéraires. Pour le reste, à boire et à manger.
Bottom N°3
100 pages, 50 FF - Abt 2 numéros : 100 FF
(49, rue de Rochechouart 75009 Paris)
La Sape N°54, outre ses notes de lecture de fin de volume, consacre un dossier savamment dosé à la découverte de deux poètes brésiliens, fort dissemblables : Affonso Romano de Sant’Anna et Carlos Nejar. Sobres introductions, éventail de poèmes donnés bilingues. Si l’on préfère la poésie simple et terrienne d’un Nejar -pleine d’une générosité naïve-, aux pompes urbaines souvent grandiloquentes de Sant’Anna -qui eurent sûrement une puissance concrète sous la dictature-, on ne saurait déconseiller l’ensemble. Deux poètes dont les œuvres exhalent, même imparfaitement, des terreurs bien supérieures aux esthétisantes angoisses de page blanche et tour d’ivoire.
La Sape N°54
125 pages, 60 FF - Abt 4 numéros : 200 FF
(7 bd S. Digard 91230 Montgeron)
Curiosa toujours ! La Dragée haute N°42, « juinphe 2000 », poursuit son œuvre de dénicheur avec de nombreuses notules présentant d’un tempérament pataphysique une myriade de livres et d’actions artistiques, sans langue de bois, ni « bang ! » de loi. Émile Ratier, Boris Vian, Jacques Villéglé, tant d’autres, chroniqués par humeur personnelle. À noter, un espace musical rendant grâce aux primitifs du futur et au Ukulélé club de Paris.
La Dragée haute N°42
55 pages, sans prix
En renaissant de ses cendres, La Nouvelle Tour de Feu n’est pas le sphinx attendu. Elle a perdu dans l’opération le nerf et la sobre rigueur qu’avait insufflés à La Tour de Feu son créateur Pierre Boujut. « Refondée » par le poète Michel Héroult qui partage la direction avec Liliana Klein, la revue sa effacé beaucoup de sa personnalité. Témoin le sommaire interchangeable -avec La Sape, par exemple, qui publie aussi Jean-Jacques Nuel, Jean-Paul Gavard-Perret, André Miguel et Jean L’Anselme – et cette « Glorification de l’épars » flamberge au vent, qui paraît en guise de thématique du numéro le parfait fourre-tout. Après avoir acquis la couleur de l’impression laser, la Nouvelle Tour doit maintenant trouver le feu. Sacré si possible.
La Nouvelle Tour de feu N° 44
118 pages, 50 FF (Éditions du Soleil
natal, 8 bis rue Lormier, 91580 Etrechy)
Revue En feuilletant
septembre 2000 | Le Matricule des Anges n°32
En feuilletant
Le Matricule des Anges n°32
, septembre 2000.