Le fantastique, chez Châteaureynaud, possède une teinte unique, un genre de patine dont on peine à expliquer le charme. Le genre littéraire est ici dopé à un quotidien qui provoque de fins décalages avec le réel. La fissure est ténue, souvent nourrie d’une nostalgie de l’enfance. Les vies racontées par l’écrivain sont celles d’êtres lunaires qui ne parviennent pas à se rendre en totalité présents au monde.
Civils de plomb évoque l’invention d’un procédé scientifique nommé extraction qui permet de matérialiser les spectres familiers pour les emmener vivre chez soi. Ils sont apparemment de bonne compagnie mais se révèlent envahissants. Comment vit-on avec les morts ? Isolé en un livre, comme c’est le principe de cette intelligente collection, Civils de plomb marque l’esprit. Méditation sur l’impossible deuil et l’impensable mort, cette nouvelle montre la belle maturité d’un auteur passé maître depuis longtemps dans la composition de textes courts.
Civils de plomb
Georges-Olivier Châteaureynaud
Éditions du Rocher
56 pages, 7 €
Domaine français Civils de plomb
novembre 2002 | Le Matricule des Anges n°41
| par
Benoît Broyart
Un livre
Civils de plomb
Par
Benoît Broyart
Le Matricule des Anges n°41
, novembre 2002.