La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Poésie Le sexe des clones

mars 2003 | Le Matricule des Anges n°43 | par Xavier Person

Systèmes d’échos. Troubles de la personnalité. Ou comment Christophe Fiat rentre dans l’écriture romanesque comme sur scène, pour une nouvelle performance poétique.

Bienvenus à Sexpol

Bienvenue à Sexpol : voici un roman qui se termine par une saturation de couleur bleue. Intensité lumineuse sur l’écran, d’où irradie dans nos cerveaux une dose massive d’orgone répandue du même coup dans l’espace interplanétaire. Orgone ? Sexpol ? L’orgone est une énergie qui se propage par le rayonnement des écrans de télévision via les vidéos X. Intoxiqué par cette drogue fabuleuse, dont il semble que le principe doive quelque chose au philosophe Wilhelm Reich, le narrateur se rend à Sexpol, la ville aux trois lunes et aux aurores boréales, mais se retrouve prisonnier dans sa chambre, très éprouvé par sa rencontre avec le clone Dolly, junkie et double de la star du porno Laure Sainclair.
Drogue, sexe et rock’n roll, il y a quelque chose d’un peu basique dans la manière de Christophe Fiat, qui comme poète et maintenant comme romancier opte pour une pose très néo punk post techno version deleuzienne, avec effets de saturation à la guitare ou dans la phrase répétitive, jouant sur un système d’échos récurrent, obsessionnel. Avec, à la clé, comme tendait à le démontrer son essai La Ritournelle (Léo Scheer, 2002), une pose assez démiurgique et somme toute épuisante, où la poésie en boucle deviendrait l’arme ultime face au fascisme et au capitalisme, réactivant la vieille ambition héroïque révolutionnaire des avant-gardes. Sous-commandant Marcos et poésie même combat : « on se libère du capitalisme parce qu’on peut inventer des objets étranges, incongrus, monstrueux, capables d’ouvrir dans le flux du capitalisme lui-même des brèches, des failles, des issues qui réorganisent la vie. »
Ceci dit, abstraction faite de ce goût de l’auteur pour la théorisation philosophico-poétique à tendance prophétique exaltée (qu’on veut croire un peu parodique…), Bienvenus à Sexpol n’en reste pas moins un texte joyeusement déglingué. L’insistance répétitive court-circuite ce que le récit pourrait avoir d’un peu démonstratif. La pulsation du même provoque de purs effets d’intensité électrique. Le clonage opère vraiment, par brouillage des repères, propagation fantasmatique du récit, mouvement ne fabriquant plus que de l’identique, dédoublement permanent de la personnalité du scripteur, et du texte, sorte de décalque de lui-même, très mince artefact auto engendré sous les yeux du lecteur. Dolly, I love you. Neurones explosés.
Brouillon et mélodramatique, Bienvenus à Sexpol n’en provoque pas moins de beaux effets de résonance : « Même si j’en crève de toi, Anna. Chez moi, j’aime les rayons X. J’aime les infrarouges. J’aime les rayons gamma. J’aime les caméras thermiques qui permettent à un conducteur de char ou à un pilote d’avion de voir dans la nuit sans être vu. » Il capte bien l’énergie amoureuse et érotique, dans sa folie, notre jouissance. Et puis avec en bande-son l’obsédant Life on Mars de David Bowie, c’est comme un remix azimuté de 2001, l’odyssée de l’espace, pendant quelques secondes, le temps de comprendre ou non que Laure Sainclair n’est pas une brebis. Et Wilhelm Reich dans tout cela, demandera-t-on ? On se disait justement qu’il serait bien de relire Psychologie de masse du fascisme, manière de voir ce que vient faire Adolf Hitler dans cette histoire…

Bienvenue à Sexpol
Christophe Fiat
Éd. Léo Scheer
197 pages, 15

Le sexe des clones Par Xavier Person
Le Matricule des Anges n°43 , mars 2003.
LMDA papier n°43
6,50 
LMDA PDF n°43
4,00