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Domaine étranger Net et sans bavure

octobre 2004 | Le Matricule des Anges n°57 | par Thierry Guinhut

Une chasseuse de cool dans le cyberespace : un thriller sur fond de 11 septembre par l’auteur de « Neuromancien », William Gibson.

Identification des schémas

Le quotidien de la SF se résume trop souvent à un style bâclé et à une quincaillerie de matériel d’anticipation qui n’a ni la force évocatoire ni de questionnement de La Machine à explorer le temps de H.G. Wells. Mais on connaît bien des auteurs, de Philip K. Dick et ses jeux sur la perception, en passant par Dan Simmons et ses énormes massifs narratifs relisant le poète John Keats (Le Cycle d’Hypérion) ou l’Iliade (Ilium), qui s’échappent de ce ghetto prétendument sous-littéraire.
Avec son célèbre Neuromancien, William Gibson, lui, a inventé en 1984 un genre à l’intérieur du genre, ce cyberpunk qui pousse l’inquiétude des hommes à l’encontre des machines à son acmé : le contrôle neuronal des individus asservis par les intelligences artificielles. En « visionnaire neuromantique », rebelle au nouvel ordre informatiquement correct, il explore la dimension poétique de l’espace numérique. Quitte à succomber à cette hallucination consensuelle et légale, presque mystique, source de cyber-addiction à la Présence virtuelle. Dans ce roman inaugural, une « matrice » qui ressemble à Internet est dominée par les multinationales. Sans prévoir l’explosion de la liberté individuelle d’un Net quasi-gratuit, mais bien avant la saga Matrix, Gibson entraîne son hacker en mission dans un menaçant réseau 3D. Plus tard, Idoru conte le désarroi d’un homme tombé amoureux d’une présentatrice de synthèse sur une télévision japonaise. Sa folie lui interdit de concevoir qu’il s’agit d’un logiciel, bien qu’on annonce le mariage de la belle. Il faut enfin au héros de Lumière virtuelle des lunettes high-tech en guise de sésame pour pénétrer un dangereux cyberespace et démêler le vrai du faux…
Si son nouveau roman, Identification des schémas, n’est plus de la science-fiction Gibson lui-même récuse son appartenance au genre c’est peut-être parce que le présent a rattrapé notre auteur. Le pouvoir des médias, du merchandising sont tels qu’ils constituent un réseau et un cyber-réseau aux ramifications complexes et prédatrices. Cayce Pollard est une consultante chèrement recherchée, une « chasseuse de cool » et de « pure mode urbaine ». Parfois, elle vomit ces logos dont elle est spécialiste, mais sans la partisane obsession idéologique du No logo de Noami Klein (cet essai qui dénonça la dictature des firmes et des marques). On lui confie donc la quête et l’identification de mystérieux signaux filmiques sur Internet. L’indispensable « schéma » manquant serait là, quelque part sous ses doigts, pour donner un sens aux fragments. Le marketing de ce film qui est déjà une sous-culture serait-il une mine d’or pour le marché ? Une fois son appartement ravagé, son ordinateur piraté, sa psyché pillée, Cayce comprend qu’elle poursuit un monstre créateur et secret qui pourrait bouleverser le XXIe siècle. Si l’on présume que son père, expert en sécurité, fut tué dans les tours du 11 septembre, les conjectures viennent pulluler…
Le récit, cotonneux, prend peu ou prou le rythme du thriller, entre Londres, Tokyo et Moscou, jusqu’à ce que Cayce trouve la cinéaste, mystérieuse malade protégée par la mafia russe. Peut-être une prison nommée « Dream Academy » est-elle l’objet du film… La poésie omniprésente des métaphores techno (« la source légendaire du Nil digital ») des vêtements griffés et des accessoires branchés n’empêche pas d’espérer une plus grande efficacité narrative. Sont-ce des personnages froids et artificiels ? À moins qu’ils ne soient eux aussi virtuels, animés par des logiciels… Comme ce que nous serons un jour peut-être. Un diagnostic qui cependant fait fi de nos capacités à identifier les schémas et du pouvoir de nos libertés.

Identification
des schémas

William Gibson
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Cédric Perdereau
Au Diable Vauvert
504 pages, 23

Net et sans bavure Par Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°57 , octobre 2004.
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