Par un effet miroir, La Solution finale reflète le titre de l’aventure de Sherlock Holmes, Le Problème final. L’hommage au vieux détective a servi de prétexte à Michael Chabon pour ce roman traitant de l’identité juive, son thème de prédilection. Dans la campagne anglaise pendant l’été 1944 nous découvrons Linus un petit garçon juif, et Bruno son perroquet. L’enfant est muré dans le silence tandis que le perroquet récite en allemand des litanies de chiffres et des « chants à la douceur poignante ». Ils ont été recueillis dans un presbytère anglican où vivent de singuliers personnages : le couple Panicker et leur fils, et deux pensionnaires, Mr Parkins qui mesure la hauteur des clochers et Mr Shane représentant en machines à traire. Ce dernier est assassiné et le perroquet disparaît. Un « vieil homme » se charge de l’enquête : Sherlock Holmes.
Le lien presque « surnaturel » entre l’enfant et le perroquet pose problème à Holmes. Nous sommes entraînés dans des interrogations complexes sur les signes et leur interprétation. Quel rapport entre les gribouillages de l’enfant et les chiffres récités par le perroquet ? Le roman de Chabon est une allégorie sur le silence, l’indicible et la mémoire de la Shoah. L’écriture parfois lente et surannée en imitation de Conan Doyle n’est dénuée ni de subtilité ni d’émotion. Une recombinaison de signes va permettre à Holmes de démasquer l’assassin. Et redonner le perroquet à l’enfant. Les mélodies répétitives de l’oiseau auront servi de support à la quête d’identité de l’enfant qui retrouvera le sourire et la parole… en un modeste « zézaiement ». Du silence émergera un murmure tel un faible halo lumineux issu de la nuit.
La Solution finale de Michael Chabon
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle D. Philippe, Robert Laffont, 162 pages, 16 €
Domaine étranger Déchiffrer la nuit
janvier 2008 | Le Matricule des Anges n°89
| par
Yves Le Gall
Un livre
Déchiffrer la nuit
Par
Yves Le Gall
Le Matricule des Anges n°89
, janvier 2008.