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Domaine étranger Vera

avril 2009 | Le Matricule des Anges n°102 | par Virginie Mailles Viard

Quoi de commun entre Nikolaï le héros de Vera, Paul dans L’Enfer de Chabrol et Poprichtchine le petit fonctionnaire de Journal d’un fou de Gogol ? Ils sont tous trois amoureux d’une femme, lancés à corps perdus dans la tragédie. Dans le cerveau de Nikolaï quelque chose a disjoncté, cette chose ténue qui permet d’évoluer dans la réalité des choses il l’a perdue définitivement. Quand sa femme Vera entrouvre la porte d’entrée de leur petit et sombre appartement - Nikolaï supporte difficilement la lumière - c’est, selon lui, pour éconduire à voix basse des amants. Dans son délire paronaïaque et schizophrénique Nikolaï a construit de toutes pièces un compagnon, le Sergent Bertrand, qui derrière les volutes de son cigare et le claquement sec de son briquet en or, aiguise ses souffrances Et Vera a beau crier que tout cela est faux, il le sait bien lui, que personne ne peut résister à une femme si belle, à une actrice talentueuse et populaire.
Le livre s’ouvre comme une pièce de théâtre où dès la première scène l’action est déjà enracinée et le destin en marche inéluctablement. L’histoire de Vera pourrait être juste celle d’une femme victime de la folle jalousie de son mari. Mais Alexandre Skorobogatov a mis en scène une subtile immersion dans les délires de son personnage, laissant au lecteur par instants de courtes bouffées d’air. Histoire de toucher du doigt la fragile frontière entre la réalité qui échappe à Nikolaï et les images qu’il fabrique si criantes de vérité. Le récit circule des mains du personnage à celles du narrateur, enchevêtrant les voix. « Les portes des loges fermaient à clé, affirmait-elle, mais qui m’apportera la réponse à cette question : ferme-t-elle toujours la porte lorsqu’elle s’habille avant le spectacle ? (…) il ne la croyait pas : mensonge, mensonge… » Après avoir furieusement démoli le partenaire de théâtre de Vera, Nikolaï exige qu’elle abandonne sa carrière d’actrice. Le huis clos mis en place, il peut être seul spectateur des frasques imaginaires de son épouse, et acteur principal de la destruction de leur couple. Jouant d’un travail de précision dans les visions de Nikolaï dans une écriture simple et détachée, presque laconique, Skorobogatov dessine le portrait déchirant d’un homme en proie à l’amour et à la folie.

VERA
d’ALEXANDRE SKOROBOGATOV
Traduit du russe par Dany Savelli, Autrement, 117 p., 14

Le Matricule des Anges n°102 , avril 2009.
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