Hétérographe N°1

Signalons la naissance, en pleine saison des amours, de la revue semestrielle Hétérographe et sa première livraison, placée sous le signe hermaphrodite de l’hippocampe. Tout comme l’association homonyme, créée fin 2008 à Lausanne, qui l’enfanta, cette publication se veut avant tout un lieu pluriel, hospitalier, ouvert aux contrastes et à toutes les variations de genres. Un endroit - et un envers - qui dépasse le débat sémantique pour questionner librement l’identité sexuelle (ou pas), tout en maintenant vivant l’intérêt pour le texte, « avec une attention particulière à la littérature lesbienne, gay, bisexuelle, trans, queer et inter (LGBTQI) ».
Hétéroclite dans les formes d’expression conviées (poésie, théâtre, entretiens, essais critiques, prose libre) comme dans la variété de ses éclairages, ce premier numéro inaugure une réflexion sur l’altérité et l’acceptation (de soi et de l’autre, qui souvent est en soi) et signale sans agressivité l’hétérosexisme de la société contemporaine : jusqu’en 1973, l’homosexualité était encore répertoriée au sein des troubles mentaux par l’Association Américaine de Psychiatrie… On y relèvera cette définition de la tendance queer : « Queer est l’art d’élever la perversion au rang de la philosophie », ou encore un article surprenant sur l’opéra, longtemps adjuvant d’une norme dominante qu’il remit brutalement en question avec l’apparition des castrats et autres figures plus ambiguës. Alors que l’actualité vient nous rappeler que, pas si loin d’ici, l’homosexualité est toujours passible d’emprisonnement, la venue au monde d’Hétérographe est plutôt une bonne nouvelle. Alors, longue vie.
Hétérographe N°1, 96 pages, 10 € (Éditions d’en bas)