Supérieur inconnu (L’Art de vivre)
Revue d’obédience surréaliste, Supérieur Inconnu porte le deuil de son fondateur, Sarane Alexandrian, qui s’est éteint en septembre dernier, juste avant que ne paraisse ce numéro spécial consacré à « l’Art de vivre » (la majuscule a son importance). Plusieurs contributions inédites de feu-le maître des lieux nous rappellent l’importance viscérale que la chose existentielle a revêtu à ses yeux. Et d’abord son éditorial qui peut se lire comme un codicille : « L’essentiel, c’est cette préoccupation vivifiante de s’assurer une bonne route à travers les possibles de l’existence ». Ce sont donc des conduites de vie et des façons d’être au monde, aux autres et à soi que ce hors série illustre, théorise, exalte tour à tour. Ici un art de vivre sur les planches, là une approche du modus vivendi dans le monde arabe, ailleurs une évocation de Gusto Gräser, ce « poète aux pieds nus », plus loin un éloge de la lecture, une rencontre avec Claude Lelouch ou encore une exploration de la vie rêvée. Et puis les « -ismes » : dandysme à la Barbey, épicurisme d’un Anatole France ou hédonisme contemporain, autant d’attitudes qui sont des philosophies en actes. Loin des invitations consuméristes des pages « art de vivre » des newsmagazines, cette livraison nous enseigne opportunément que le véritable art de vivre engage l’être tout entier. Être ou ne pas être, telle est, décidément, encore et toujours, la (seule ?) question.
Supérieur Inconnu, numéro spécial automne-hiver 2009, 108 pages, 12 €