Héros des commandos maoris lors de la Seconde Guerre mondiale, Henry Takahe apprend que sa femme Lena lui a été infidèle avec un soldat américain dont elle a eu un petit garçon que le village a surnommé Yank. Lena ne récoltera que coups et insultes et Yank sera ignoré par son beau-père. Entouré de l’affection de sa mère, il grandira insouciant au cœur de la fascinante nature néo-zélandaise et finira par rejoindre son père, Jess, pauvre descendant d’un esclave noir. Yank de son vrai nom Mark va découvrir la condition du peuple noir dans le Mississippi à l’époque de l’émergence du mouvement des droits civiques et des exactions du Ku Klux Klan, ces lynchages et ces pendaisons dont on faisait des cartes postales.
Alan Duff, auteur de L’Ame des guerriers, a composé avec Un père pour mes rêves une émouvante narration à plusieurs voix ; Henry, Lena, Mark et Jess racontent leurs espoirs et leurs amertumes, mais surtout comment leurs préjugés les plus solidement ancrés s’estompent et leur regard sur le monde évolue. « J’ai revu mes positions sur la supériorité musicale des maoris… la musique c’est la musique un point c’est tout », admettra Mark. Son père Jess fera accepter par la communauté noire américaine ce fils « à la peau un peu trop pâle » dont il est si fier. Lena tombera amoureuse d’un homme Ralph, « peu importe qu’il soit blanc », et Henry reverra son jugement concernant la naissance de Mark. Des solidarités se créent, des barrières s’abaissent. Mark crée un lien entre les « mille ans de passé glorieux » des anciens maoris et la lutte des noirs en Amérique. Il retiendra à jamais la définition que son père lui a donné de l’ennemi : « celui qui me prive de ma dignité ». Bouleversante allégorie sur la nécessité de se libérer de « l’esclavage des idées et des habitudes », Un père pour mes rêves témoigne des étonnantes analogies que révèle le métissage.
Un père pour mes rêves
de alan duff
Traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Pierre Furlan Actes Sud, 368 pages, 22,80 €
Domaine étranger Un père pour mes rêves
juin 2010 | Le Matricule des Anges n°114
| par
Yves Le Gall
Un livre
Un père pour mes rêves
Par
Yves Le Gall
Le Matricule des Anges n°114
, juin 2010.