Trente numéros de Sigila. Quinze ans que la revue franco-portugaise transdisciplinaire traque le secret. Après les thématiques autour des « Secrets des sens », « Dissimulation », « Masques », « L’ombre » voici venir le temps des espions. « Y a-t-il un lien entre l’espionnage et l’écriture ? Entre l’espionnage et la fiction ? » Quinze analyses, témoignages, créations tentent de répondre. « Dans le calme des intérieurs delfois, un homme, un espion discret, organise sans bruit l’existence. » Le psychanalyste Patrick Avrane fait apparaître dans les tableaux de Vermeer, comme « l’espion de soi-même ». L’inévitable et très ambigu Chevalier d’Eon est bien sûr de la revue. « Sans doute est-ce qu’Eon, l’irrégulier, figure spéculaire et spectaculaire, a dessiné une esthétique irrégulière du secret. » Le romancier et historien Jean-Claude Hauc évoque Ange Goudar, espion français au Portugal qui stigmatisera l’emprise britannique sur l’économie et la politique lusitanienne au XVIIIe siècle. Ces Britanniques, inventeurs du roman d’espionnage et dont certains écrivains ont pu se révéler de très habiles espions, de Marlowe en passant par Graham Greene ou Ian Fleming. Enfin, il sera question de la dématérialisation des écrits et des communications par l’informatique qui engendre d’autres types d’espionnage. La figure du hacker peut apparaître finalement comme un contre-pouvoir citoyen. Un numéro moins disert, plus elliptique que les précédents, secret oblige.

Dominique Aussenac

Sigila N°30
190 pages, 16 €
21, rue Saint-Médard 75005 Paris