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Domaine français Il n’y a pas de grand soir

novembre 2012 | Le Matricule des Anges n°138 | par Valérie Nigdélian

Il n’y a pas de grand soir

Il est des êtres dangereux à aimer », solaires à effacer jusqu’à votre ombre, si vivants qu’il faut s’en arracher pour simplement continuer à respirer. « Le père » est de ceux-là, ogre magnifique, roi impérieux, exerçant sur ses femmes, ses filles, ses élèves une violente fascination. Ce que dépeint, d’une voix pudique et ferme, ce premier roman de Christel Périssé, n’en est pas le pourquoi mais, bien plus modestement et avec une subtilité rarement démentie, le comment : et de dérouler le fil fragmentaire d’une vie, reconstituée à partir de clichés muets et de souvenirs dont la narration, toujours au présent, impose la permanence passionnelle. Tenter de « comprendre qui était le père », c’est chercher dans les yeux d’un enfant – des yeux si noirs qu’ils en paraissent sans pupille –, dans la pose nonchalante d’un jeune homme fumant, sa « maigreur appuyée contre un mur », dans des colères ou des rires immenses, des amours et des emmerdes, des rêves de liberté. Et c’est peine perdue : cette défaite programmée, butant sur la surface jaunie des images convoquées, se traduit en un joli déplacement de la notion politique du « grand soir » qu’invoque le titre même : ni révolution ni révélation au bout du chemin, cadré serré en cinquante-cinq instantanés.
Mais l’essentiel est ailleurs : sous la menace de l’annihilation, la narratrice promise au rien (« Rien. Du latin rem non, rem accusatif de res, la chose nulle. Nullifiée, réduite à rien.  ») inverse les polarités de la relation lorsque, en un geste imprévisible, elle cesse de fuir, fait face et affronte le père, brisant la tempête d’un simple doigt levé et d’un non proféré. À ce moment – central, vibrant –, pas question de s’attarder : tout en retenue, le récit finit de dérouler le fil et pose que, dans ce mouvement de rupture même, l’être n’est rien sans transmission – sans ces dix « leçon(s) du père » qui rythment, laconiques et précieuses, le flux de l’écriture.

Valérie Nigdélian-Fabre

Il n’y a pas de grand soir
Christel Périssé
Rivages, 144 pages, 13,50

Le Matricule des Anges n°138 , novembre 2012.
LMDA PDF n°138
4,00